Paysages

VAL DE SAIRE

À l’extrémité nord-est du Cotentin, depuis la pointe du Brick jusqu’à celle de la Hougue, en contrebas d’un vaste plateau intérieur entaillé par la vallée de la Saire, se déploie une campagne légumière ouverte sur une basse plate-forme d’érosion marine. Elle vient s’échouer dans la mer en un chapelet de pointes, d’écueils, de platiers rocheux et d’anses sableuses. Au centre, sur la pointe de Barfleur, le haut phare de Gatteville signale les courants parfois très violents, autrefois responsables de nombreux naufrages. À l’ouest, l’eau ruisselant depuis le plateau est retenue le long de la [...] Lire plus


À l’extrémité nord-est du Cotentin, depuis la pointe du Brick jusqu’à celle de la Hougue, en contrebas d’un vaste plateau intérieur entaillé par la vallée de la Saire, se déploie une campagne légumière ouverte sur une basse plate-forme d’érosion marine. Elle vient s’échouer dans la mer en un chapelet de pointes, d’écueils, de platiers rocheux et d’anses sableuses. Au centre, sur la pointe de Barfleur, le haut phare de Gatteville signale les courants parfois très violents, autrefois responsables de nombreux naufrages. À l’ouest, l’eau ruisselant depuis le plateau est retenue le long de la côte par des cordons de sable ou de galets dans une succession de mares et de marais. Derrière, les talus de pierre coiffés d’ajoncs, traces du bocage d’avant-guerre, entourent les prairies. Des boisements occupent les petits vallons et les landes du Brulay s’étendent sur le plateau de Carneville. Au sud-ouest, les haies bocagères ne subsistent qu’entre le parcours de la Saire et l’escarpement de la Pernelle. Le paysage largement ouvert de la plaine légumière s’étend jusqu’en bordure de côte, animée au nord par l’ambiance pittoresque de Barfleur et au sud par les activités de pêche de l’estran sableux de Saint-Vaast-la-Hougue. Entre la pointe de Saire et l’Anse « Le Cul du Loup », émerge l’île de Tatihou et s’avance la pointe de la Hougue, rythmée par des ouvrages militaires valorisés par le Conservatoire du littoral, également engagé sur des problématiques d’érosion marine et d‘adaptation au changement climatique.

Regards d'artistes

Paul Signac, Le phare de Gatteville, 1934
Musée de Cherbourg-Octeville
« Un ciel lourd pèse sur le port. Un vent violent de "Nordé" étire les nuages épais filant à une allure vertigineuse. Le sifflement aigu du vent dans les mâtures et dans les cheminées des maisons basses lance ses notes rageuses. Les gammes chromatiques se succèdent, stridentes et lugubres. Les paquets de mer se heurtent sur les jetées dans un éclaboussement d'écume que le vent étale majestueusement comme un grand voile de mariée à la sortie d'une église. La croix de pierre, plantée à l'extrémité de la digue, disparaît, à certains moments, sous les embruns montant à l'assaut du Christ [...] Lire plus

« Un ciel lourd pèse sur le port. Un vent violent de "Nordé" étire les nuages épais filant à une allure vertigineuse. Le sifflement aigu du vent dans les mâtures et dans les cheminées des maisons basses lance ses notes rageuses. Les gammes chromatiques se succèdent, stridentes et lugubres. Les paquets de mer se heurtent sur les jetées dans un éclaboussement d'écume que le vent étale majestueusement comme un grand voile de mariée à la sortie d'une église.
La croix de pierre, plantée à l'extrémité de la digue, disparaît, à certains moments, sous les embruns montant à l'assaut du Christ impassible. L'eau bouillonnante redescend en cascades laiteuses le long des pierres délavées du quai.
Sur le plan d'eau, les barques montent et descendent, tirant de toutes leurs forces sur le "corps mort", par leur capelage de deux demi-clés traditionnelles sur la tête d'étrave.
Les bateaux piquent dans la houle et se redressent avec la majesté des lutteurs racés.
Au vacarme du vent brutal se mêle le grincement caractéristique des "manœuvres" au travail sur les réas.
Barfleur étale à la tempête d'amont. La vieille église à tour carrée, solide et trapue semble assise, comme un vieux patron chevronné à l'arrière de sa barque, au corps à corps avec la mer (...) ».

Bernard LEBLOND, Naufrages sous Barfleur et Phare de Gatteville, Éd. Notre-Dame-Coutances, 1970

Evolution de l'urbanisation

dans le Val de Saire.
1965 1965
2014 2014

Carte des paysages

  • Picto Pano paysage

    • Une basse plateforme d’érosion marine à l’extrémité est du massif armoricain, qui offre des paysages ouverts de campagne légumière avec des traces de l’ancien bocage

    • Une côte orientée nord, couverte de landes à l’est de la pointe du Brick, et qui dessine des pointes rocheuses encadrant des cordons de galets et de sable, eux-mêmes abritant des marais arrière-littoraux

    • Une alternance de petites pointes rocheuses, platiers et anses sableuses, ainsi que la présence d’un large estran vaseux duquel émerge l’île de Tatihou et s’avance la pointe de la Hougue

  • Picto Pano menace

    • Une dégradation de la qualité de l’eau due à une activité maraîchère intensive sur la partie est

    • Un phénomène de « cabanisation » sur les communes de Bretteville-en-Saire et de Réville

    • Une côte nord soumise à l’érosion marine et sensible à la montée du niveau de la mer dans les prochaines décennies

  • Picto Pano protection

    • L’ensemble de la côte nord est protégé par le Conservatoire du littoral, ainsi que l’île de Tatihou (site classé) ; site classé de la pointe de Barfleur (sur les communes de Gatteville-le-Phare et deVicq-sur-mer) ; site classé au patrimoine mondial-île de Tatihou (UNESCO).

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Séquences paysages