TOURBIERE DE MATHON

Carte d'identité du site

Commune(s) LESSAY (50)

Surface protégée : 16.1 hectares

Unité littorale : COTE DES HAVRES

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Unité littorale

Située sur un affaissement du socle cambrien formé des grés et des schistes, la tourbière de Mathon est une petite dépression remplie de sables et de graviers datant du Pléistocène (première époque géologique du quaternaire, datant de 2.000.000 à 10.000 ans avant J-C). Installée dans un vallon creusé dans ces sables, la tourbière est isolée par une couche d’argile d’origine marine. Ces mêmes sables contiennent une importante nappe d’eau. La tourbière fonctionne ainsi comme une cuvette partiellement étanche, alimentée par la nappe phréatique.

Les eaux superficielles circulent sur le site par le ruisseau des « Landelles », traversant du sud vers le nord les prairies, la saulaie et enfin la tourbière elle-même. Ce ruisseau rejoint au nord la rivière Ay, qui se jette dans la mer quelques 8 km à l’ouest.

La Tourbière de Mathon recouvre donc une petite dépression tourbeuse assurant la transition entre le plateau de grès des Landes de Lessay au sud et le marais de la vallée de l'Ay au nord

En fonction des gradients d'humidité et du pH du substrat se dessine une succession de milieux naturels typiques et hautement différentiés. Les landes à bruyères tourbeuses occupent les pentes. A leurs pieds, en une bande étroite, la tourbière acide à sphaignes, plus discrète, ceinture la dépression centrale. En périphérie, prairies et bois forment une zone tampon protégeant le cœur de la Réserve.

Le marais héberge une multitude d’oiseaux. On y rencontre des cortèges typiques de passereaux paludicoles (nicheurs), comprenant notamment le phragmite des joncs, les rousserolles effarvate et verderolle, la locustelle luscinioïde, la bouscarle de Cetti… Le râle d’eau, la poule d’eau et le canard colvert, nichent dans la végétation dense de la roselière.

En outre, plusieurs espèces, non nicheuses, fréquentent le milieu à la recherche de nourriture : le busard des roseaux, les bécassines sourde et des marais, le héron cendré et occasionnellement le butor étoilé.

Les landes à bruyères présentent un intérêt non négligeable pour l’engoulevent d’Europe dont 1 à 2 couples nichent chaque année.

Le réseau de haies et les divers fourrés d’épine noire, de troène, d’aubépine… en périphérie de la zone humide, accueillent une avifaune diversifiée typique du bocage environnant. Il est ainsi possible d’y croiser la tourterelle des bois, également présente dans les boisements, ou le rossignol philomèle, nicheur potentiel.

De nombreux botanistes se sont aventurés à Mathon, attirés par l’incroyable richesse floristique concentrée dans un si petit espace. Ainsi des listes d’espèces existent depuis le XIXème siècle.

La tourbière, caractérisée par un sol spongieux, acide et pauvre, est un joyau botanique riche et rare avec la présence de petites plantes carnivores. Leurs feuilles, couvertes de glu, piègent les insectes imprudents pour survivre, il s’agit des Rossolis à feuilles rondes et intermédiaires, les Rhynchospores fauve et blanc, la Narthécie des marais ou encore la petite Utriculaire.

La tourbière de Mathon héberge en outre l’unique station bas-normande de Laîche arrondie, apparue dans les listes d’inventaire au début des années 1980.

La tourbière de Mathon fait partie des sites d’intervention du Conservatoire du littoral. Les terrains acquis sont remis en gestion au Syndicat mixte des espaces littoraux de la Manche (SyMEL). Un garde du littoral est affecté à ce site. Il a en charge le gardiennage, l'entretien et le suivi scientifique, ainsi que les relations avec les usagers locaux. (http://www.symel.fr/). Aussi depuis 2004, le CPIE du Cotentin intervient dans la gestion de la réserve naturelle nationale. (http://www.cpiecotentin.com/).

Ainsi, ce site dispose de mesure de préservation depuis 1995, date à laquelle a été rédigé le 1er plan de gestion. Il s’agit d’un document cadre, un guide, donnant les orientations d’aménagements et de gestion pour protéger ce site naturel.

Les premiers chantiers de restauration à être lancé sont l’abatage de pin maritime dans la lande, des travaux de débroussaillage, de coupe dans les prés ou dans les bosquets de saules parsemant le marais et le lancement de suivi scientifiques visant à améliorer les connaissances sur les richesses écologiques du site mais également sur son fonctionnement.

Par la suite a été mis en place un entretien original par le pâturage par des bovins Highland.

Aujourd’hui, le 3ème plan de gestion a été validé en 2009 et couvre une période de 10 ans (2010 – 2019).

Ce plan de gestion répond aux 3 grands thèmes:

- PROTEGER : approfondir les connaissances sur le fonctionnement hydropédologique de la tourbière à l’échelle de ses bassins versants géologique et superficiel, oeuvrer à la constitution d’une zone tampon efficace en périphérie, poursuivre les suivis naturalistes…

- GERER: entretenir les milieux naturels par des interventions manuels ou mécanisés, par la poursuite voire l’extension du pastoralisme, etc.

- FAIRE DECOUVRIR: contribuer à la transmission des connaissances, à l’apprentissage du respect de la nature, améliorer les conditions d’accessibilité au site et la communication autour des actions menée sur la Réserve…

Par ailleurs, le site de la tourbière de Mathon est également inclus dans l’enveloppe de la zone écologique d’intérêt européen au titre de Natura 2000 s’intitulant « Havre de Saint-Germain-sur-Ay et Landes de Lessay », porté par le CPIE du Cotentin (http://www.cpiecotentin.com/).

Situé aux portes de Lessay, la tourbière de Mathon est le témoignage vivant de l’utilisation ancienne d’un espace rural original. L’intérêt écologique de ce site a été reconnu, dès 1889, par Louis Corbière et par de nombreux naturalistes normands. Des menaces, liées à un projet d’urbanisation ont pesés sur ce site à partir de 1960.

Jusqu’à après guerre, ce petit morceau de terre inculte, était exploité collectivement. Les personnes intéressées venaient prélevées dans le marais un mélange de roseaux, laîches et joncs appelé la coupe du « ros ». Le produit servait comme litière, pour le paillage des légumes ou était utilisé pour le pressage des pommes. Les tiges ou rameaux de certaines des espèces servaient comme liens ou pour la vannerie. De la tourbe était extraite du marais jusqu’au début du XXe siècle. Les landes à bruyères étaient diversement utilisées ; les bruyères étaient coupées pour le paillage des légumes ou pour la litière. Des animaux (chèvres, chevaux, ânes) étaient mis en pâture au piquet. Le brûlis a été ponctuellement pratiqué sur le site pour favoriser le développement de la molinie, dont les repousses tendres sont appréciées des animaux en pâture, jusqu’en 1945. Les prairies périphériques, étaient utilisées comme pré pour la pâture ou cultivées. L’une avait été plantée en peupliers peu avant la création de la Réserve Naturelle.

En 1971, le Ministère chargé de la Protection de la Nature, donne son accord pour l’acquisition de la tourbière de Mathon par l’Etat, classé en réserve naturelle en 1973. Elle est ensuite définitivement affectée au Conservatoire du littoral, en 1996.

Les gestionnaires

symel CPIE Cotentin

Les partenaires

natura 2000

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