MARAIS DU NARBONNAIS

Carte d'identité du site

Le site des Marais du Narbonnais occupe une position stratégique au droit de l’étang de Bages Sigean et de la Robine, à proximité de la mer et du massif de la Clape.
Après plus de 30 ans d’intervention foncière, le domaine placé sous la responsabilité du Conservatoire du littoral s’élève à ce jour à près de 650 ha sur le site pour un périmètre d’intervention de 1800 ha environ.
Les marais du Narbonnais sur ses trois secteurs d’intervention du Conservatoire (Castelou/Tournebelle, Labrador et Montfort) présentent une diversité biologique et des paysages remarquables, respectivement reconnus au travers des classements au titre de zone spéciale de conservation pour le réseau Natura 2000 et de l’extension du site classé aux abords de la Robine (patrimoine mondial de l’UNSECO).
Il s’agit par ailleurs d’un territoire riche d’usages et d’acteurs locaux : agriculture, pêche et chasse, …qui lui confèrent une identité forte.
Le patrimoine historique et culturel est également très marqué avec la découverte des vestiges du port antique de Narbonne en 2015 par le CNRS.

Le domaine du Grand Castelou et son imposant corps de ferme hérité d’une époque agricole florissante est désormais tourné vers la pédagogie et l’éducation à l’environnement pour faire découvrir au public le patrimoine naturel, culturel et historique du territoire.


Soumis à la fois aux influences marines en provenance des étangs et aux influences douces liées aux apports de la Robine, les marais du Narbonnais présentent une grande diversité d’habitats humides dont la plupart sont d’intérêt communautaire. Cette diversité d’habitats, à laquelle il faut inclure les haies, les arbres isolés, les fossés et les canaux, constitue une grande richesse de niches écologiques pour la faune.
Les grandes surfaces de prés salés du site, reconnus d’intérêt communautaire, présentent un enjeu fort à l’échelle du Languedoc-Roussillon. On peut y observer une grande diversité de faciès de l’habitat : prés salés à Puccinellia, prés salés à chiendent et armoise, prés salés à Juncus gerardii et Carex divisa, prés salés à Juncus maritimus et Juncus acutus, prés salés à Jonc subulé… Une flore remarquable s’y développe avec notamment le Troscart maritime, l’Armoise de France ou la Luzerne ciliée. L’avifaune trouve également le gîte et le couvert dans cet habitat, notamment lors des mises en eau. Certaines espèces y sont tout particulièrement inféodées telles que le Gravelot à collier interrompu, l’Échasse blanche, le Chevalier sylvain, l’Aigrette garzette…
Les gazons amphibies méditerranéens font également partis des enjeux forts du site. Ils sont représentés par un faciès annuel et halo-nitrophile. Ils couvrent de petites et moyennes surfaces, au Castélou, à Tournebelle-le-neuf et au Cercle, tout en y accueillant de nombreuses plantes remarquables : le Chénopode à feuilles grasses, le Crypside piquant, le Crypside faux-schoin, la Salicaire à trois bractées (protégée nationalement). Ils dépendent de conditions hydrologiques relativement strictes (présence d’eau douce à légèrement saumâtre longuement stagnante en hiver et au printemps / assèchement estival). Pour cette raison, la végétation les caractérisant ne se développe que les années favorables. Ainsi, leur présence est tributaire de la gestion hydraulique.
Les submersions hivernales régulières de certaines parcelles conduisent au développement de végétations peu halophiles de type prairie ou ourlet selon la gestion pastorale. Ces habitats sont disséminés sur l’ensemble du site, toujours dans des secteurs facilement inondables.
Ces milieux abritent des espèces patrimoniales telles que le Vulpin bulbeux ou la Jacinthe de Rome (protection nationale). Les milieux prairiaux abritent des espèces d’oiseaux ubiquistes de milieux ouverts telles que l’Œdicnème criard, le Pipit rousseline, le Rollier d’Europe. Ce type de milieux abrite d’autre part, certains reptiles comme la Couleuvre de Montpellier, le Lézard vert…
Les roselières, principalement présentes sur Castélou-Tournebelle, constituent un site d’accueil, de gîte et de nourrissage, pour de nombreuses espèces d’oiseaux à forte valeur patrimoniale. Ainsi, y ont été observées des espèces paludicoles tel le Héron pourpré, le Butor étoilé (bien que rarement), la Lusciniole à moustaches, la Rémiz penduline, le Gorge-bleue à miroir… L’intérêt de l’avifaune pour ces roselières est lié à leur relativement grande superficie eu égard aux autres roselières du Narbonnais. Par ailleurs, elles se situent sur un axe migratoire majeur entre l’Afrique et le nord de l’Europe.
Les sansouires, aussi appelées fourrés halophiles, occupent des surfaces importantes sur les marais du Narbonnais, notamment dans la moitié sud. Il s’agit d’un habitat d’intérêt communautaire Elles sont ponctuées de végétations pionnières halophiles, de bosquets à Tamaris et de petites lagunes temporaires. Ces habitats jouent un rôle important dans l’accueil de l’avifaune. Ainsi, on peut y observer la Tadorne de belon, la Sarcelle d’hiver lorsque ces milieux sont inondés. Quand le niveau de l’eau baisse, apparaissent des vasières, qui abritent principalement des laro-limicoles, l’Aigrette garzette, l’Échasse blanche…
Les fossés en eau accueillent de nombreuses espèces aquatiques ou amphibies. Plusieurs espèces patrimoniales s’y nourrissent, s’y abritent, s’y reproduisent… On peut ainsi citer la Grenouille de Pérez, la Grenouille de Graf, la Rainette méridionale, la Grenouille verte et l’Aeschne isocèle. Les berges des fossés et canaux sont colonisés par des ourlets et mégaphorbiaies dans lesquels prospèrent la Scammonée aiguë, la beaucoup plus rare Nivéole d’été (PN) ou encore l’Aristoloche à feuilles rondes, plante hôte pour la chenille de la Diane.
Les haies constituent également une niche importante pour la faune. Des espèces emblématiques y viennent nicher telles que la Cigogne blanche ou le Bihoreau gris. Les arbres morts peuvent par ailleurs constituer des habitats pour de nombreux insectes.

L’implication historique de la commune de Narbonne pour la gestion du domaine protégé par le Conservatoire du littoral a été consolidée en 2014 par la signature d’une convention de gestion associant le Parc Naturel Régional de la Narbonnaise en Méditerranée.
Dès lors, un plan de gestion porté par le PNRNM en lien avec le Conservatoire du littoral et la ville de Narbonne a permis de définir les enjeux et objectifs du site en concertation avec l’ensemble des acteurs du territoire.
La réflexion menée au regard des conséquences du changement climatique et ses nécessaires adaptations ont conduit à aborder une gestion sobre des espaces maîtrisés par le Conservatoire. Les problèmes récurrents de pénuries en eau sur le fleuve Aude et sa dérivation vers le canal de la Robine appellent à s’engager pour contribuer au plan de gestion de la ressource en eau et tendre vers un fonctionnement naturel de zone humide méditerranéenne. Ainsi, lorsque la ressource en eau douce le permet, les submersions hivernales sont privilégiées pour diversifier les habitats naturels et le cortège d’espèces associées. Le site doit également pouvoir servir de zone d’expansion de crues et limiter les risques pour les biens et les personnes. L’été, après avoir permis le maintien des enjeux de biodiversité (reproduction de la faune sauvage), le site va naturellement vers l’assec.
D'importants travaux de restauration des ouvrages hydrauliques conduits depuis 2015 grâce à l’implication de la Région Occitanie, du Département de l'Aude, de l’Agence de l’Eau et du Syndicat Mixte du Delta de l’Aude permettent de gérer au mieux les enjeux sur le site.
Les cultures pérennes (vignes) ont par ailleurs été déplacées au droit de la Robine, au plus loin du biseau salé, laissant la nature reprendre ses droits sur les terres basses pour lesquelles un pâturage extensif a été mis en place. Aujourd’hui plus 300ha sont confiés à des exploitants agricoles pour contribuer à la bonne gestion du domaine protégé par le Conservatoire du littoral en faveur de la biodiversité et des paysages. L’ensemble du site fait part ailleurs l’objet d’un programme de reconquête paysagère. Grâce à l’implication de la commune de Narbonne, les bâtiments disgracieux et dangereux acquis par le Conservatoire situés en zone inondable sont déconstruits pour redonner un aspect naturel au site et faciliter la mise en œuvre d’une gestion en faveur de la biodiversité.
Les partenaires de la gestion sont actuellement engagés autour d’un projet d’accueil du public de grande ampleur au domaine du Grand Castelou avec le soutien financier de l’Europe, de la Région Occitanie, de l’Etat, du Département de l’Aude et de l’Agglomération du Grand Narbonne. Le projet, porté par la Ville de Narbonne en lien avec le Conservatoire et le Parc Naturel Régional, a pour but de créer une maison de la narbonnaise pour valoriser et faire découvrir les patrimoines naturels et culturels du territoire. Cet équipement écotouristique a également vocation à accueillir la maison du Parc Naturel Régional de la Narbonnaise en Méditerranée. Le volet interprétation développera une approche sensible scénographiée autour du thème de l’histoire du territoire, son évolution, l’influence des éléments naturels (fleuve Aude, mer, lagunes) et de l’homme. A travers différents espaces d’exposition et parcours de découverte extérieurs, la mobilité du trait de côte et les adaptations nécessaires pour vivre sur le littoral depuis l’antiquité à nos jours seront abordées avec une perspective sur l’avenir dans le cadre du changement climatique.

Aux temps antiques, les étangs du Narbonnais ainsi que leurs zones humides périphériques formaient un vaste golfe dans lequel se jetaient les eaux du fleuve Aude (appelé alors Atax). Selon certains auteurs, la quasi-totalité des marais du Narbonnais actuels étaient sous l’eau. Narbonne était une ville portuaire située en arrière de l’embouchure du fleuve. Dans les plaines narbonnaises, l’Atax était alors capricieux, divaguant, changeant de lit, se divisant en de nombreux bras ou se gonflant en crues. D’importants moyens ont été mis en œuvre au fil des siècles pour canaliser le fleuve.
Au Ier siècle, l’embouchure de l’Aude fut aménagée en une longue chaussée s’avançant dans la lagune au niveau de l’actuel secteur du Grand Castelou, constituée de 2 digues parallèles « pinçant » le fleuve (SANCHEZ et al. 2014). Cette embouchure aménagée sera utilisée et entretenue jusqu’au IVe siècle. Les bateaux à fond plat venaient y décharger les navires à fort tonnage pour ramener la marchandise jusqu’à Narbonne. Toute une activité économique se trouvait alors dans cette zone stratégique (entrepôts, contrôle des marchandises, forge, artisans…). Cet aménagement fut peu à peu fragilisé au fil des événements climatiques et abandonné au IVe siècle.
Au XIe siècle, Narbonne connut un essor fulgurant basé sur le négoce entre les produits en provenance de la lagune et ceux provenant du Narbonnais ou descendus par le fleuve. Le château de Montfort fut construit sous forme de forteresse en 1209 par Simon de Montfort pour contrôler l’entrée du port de Narbonne.
La canalisation de la Robine et le détournement de l’Aude au XIVe siècle accélérèrent la dynamique d’atterrissement autour des lagunes et la formation de la basse-plaine. Dans un premier temps, l’étang fut fragmenté comme en témoigne la toponymie reflétant la présence d’anciens étangs (du Cercle, de Capitoul).
Parallèlement, une activité salicole vit le jour avec l’ouverture des Salins de Mandirac (actuel Castelou) au XVe siècle. Cette activité florissante perdurera jusqu’en 1810 où l’exploitation devint difficile pour cause d’atterrissement (BOUDOU et al. 2013).
Dès le XVIIIe siècle, les marais situés entre Narbonne et le massif de la Clape furent aménagés pour permettre leur mise en culture. Des prises d’eau « pour l’arrosage des jardins, des prairies et pour l’abreuvage des bestiaux, même en plus grand nombre si le besoin l’exigeait sans nuire à la navigation, attendu la suffisance des eaux de la Rivière Aude » furent autorisées par la Ville, puis par le Conseil du Roi au XVIIIe siècle, aux habitants et aux riverains de la Robine (Collectif 2013).
La maîtrise des eaux avait également pour but de gagner des terres sur les marais en y amenant des limons en provenance de l’Aude. Les prises étaient ouvertes lors des crues, lorsque les eaux étaient bien chargées en sédiments et les vannes étaient maintenues fermées en aval afin de garder ces sédiments dans les parcelles. Les domaines de Mandirac, de Grand et Petit Tournebelle, du Petit Castelou, des marais du Capitoul se sont ainsi constitués. Les terres cultivables gagnées sur les marais furent principalement destinées aux vignobles et aux céréales.
Une crise du marché du blé entraîna l’accroissement des surfaces en vigne dès 1815 (EAUCEA 2015). La création du chemin de fer contribua fortement à l’expansion du marché viticole. Au milieu du XIXe siècle, la crise du phylloxéra bouleversa les pratiques agricoles. La lutte conte ce puceron ravageur de la vigne sensible à l'eau conduisit au développement de canaux afin de submerger toute la surface disponible. C’est à cette époque que se créèrent les Associations syndicales autorisées (ASA) qui gèrent encore aujourd’hui les réseaux hydrauliques.
À partir des années 1960, on observa un phénomène de régression de la viticulture au plus près des secteurs saumâtres. L’impératif d’inondation afin de dessaler les sols entraîna des surcoûts liés à l’entretien des réseaux hydrauliques qui ne permettaient plus de compenser les prix d’achat d’un vin de qualité moyenne. De même, des aménagements hydrauliques mal conçus et peu entretenus favorisaient la remontée des eaux salées dans les terres lors des tempêtes marines.
Dès lors on observe une diminution des surfaces viticoles remplacées par les cultures de céréales et les prairies de fauche qui ne nécessitent pas ou peu d’irrigation. Parallèlement, on observe un développement des activités pastorales et plus particulièrement de l’élevage équin. La déprise agricole entraîne une diminution des submersions en eau douce et favorise ainsi la remontée des nappes salées et le développement d’une végétation halophile (LPO 2004).
Le premier secteur sur lequel le Conservatoire est intervenu sur le site des marais du Narbonnais est le domaine du Grand Castelou pour protéger dès 1982 un patrimoine de 202ha. Un premier partenariat de gestion dans les années 1990 associant la commune de Narbonne a permis de lancer les prémices de rénovation de cet ancien domaine agricole et l’ébauche d’un espace d’interprétation pédagogique tourné vers le patrimoine naturel, archéologique et agricole.
L’intervention du Conservatoire sur le secteur de Tournebelle a consisté au rachat des domaines agricoles, en 1992 puis en 2007. Situé sur la rive droite du canal de la Robine en direction de Ste Lucie, cette partie du site accueille le siège d’un élevage de taureaux et de chevaux qui diversifie son activité de manade en proposant des activités de découverte des traditions camarguaises d’élevage.
Les acquisitions sur Montfort et le Labrador datent de 1995. Il s’agit d’anciennes zones humides drainées pour l’agriculture. Ces secteurs autrefois viticoles, présentent aujourd’hui une imbrication d’espaces naturels et de zones exploitées. Les terres abandonnées ces dernières années par la l’agriculture, notamment à cause des remontées de sel depuis l’étang de Bages-Sigean et de la crise viticole, ont été investis par l’élevage équin et bovin. Il s'agit désormais d’améliorer les potentialités de gestion patrimoniale du site par le maintien et la coordination des activités agricoles et pastorales.

Venir au domaine du Grand Castelou depuis Narbonne
En voiture, prenez au sud de l’agglomération, la route de Lunes, en direction de Gruissan. Après le passage à niveau, tournez à gauche puis continuez par la route principale sur quelques kilomètres jusqu’à un embranchement à 90° où le domaine l’entrée du domaine vous fera face. Un parking se trouve 600 mètres plus loin, à droite des bâtiments.
À vélo, empruntez le chemin de halage du canal de la Robine vers le sud. À l’écluse de Mandirac, prenez la route en direction de Narbonne (attention, la circulation est importante et la route est étroite). Traverser le passage à niveau. Continuez tout droit jusqu’à l’entrée du domaine sur votre gauche.
A faire au Grand Castelou
Deux boucles ont été aménagées pour vous permettre de découvrir les richesses naturelles et les paysages des marais du Narbonnais. Le départ se trouve à l’angle sud-est des bâtiments du domaine. Une boucle de 2 km est équipée de plaques informatives disposées le long du parcours. Elle passe également à proximité d’un observatoire ornithologique. Une boucle de 4 km traverse le domaine et rejoint une petite route en bordure de lagune.
Ces boucles font partie du circuit du patrimoine du Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée. Des plaquettes informatives sont disponibles à l’Office du tourisme de Narbonne et au départ de la boucle sur le site, au niveau des bâtiments.

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