TANGHICCIA

Situé au sud de l’étang de Biguglia, dans la plaine deltaïque de l’embouchure du Golu, le plus important fleuve de Corse, le site de Tanghiccia est lié à l’implantation du site antique et paléochrétien de Mariana. A foce di Tanghiccia, aujourd’hui une zone humide, est en effet un vestige de l’ancien tracé du Golu. En parallèle au trait de côte, une succession de fossés et de talus peuplés de fourrés à genévriers racontent les anciens tracés des cordons littoraux : ici, les alluvions du fleuve ont permis à la terre de gagner sur la mer, malgré la dynamique de hausse du niveau de celle-ci depuis la fin des dernières glaciations.

À Tanghiccia, le relief, les milieux et les paysages révèlent de manière très lisible l’histoire géomorphologique récente du site. Quatre motifs géométriques se superposent sur le site : les lignes parallèles des anciens rivages, l’ancien bras du Golu, le canal (du Fossone) d’amenée des eaux du Golu à l’étang de Biguglia et les tracés des cultures fruitières apparues à la fin du XXe siècle.

Habitat et flore

Les milieux littoraux dunaires sont assez diversifiés : laisses de mer à euphorbes peplis, dunes mobiles embryonnaires à chiendent des sables, chardon de dunes et achillée maritime, dunes fixées. Dans les lagunes littorales de Tanghiccia les herbiers immergés à algues et plantes à fleurs abritent de nombreuses espèces d’eau douce et d’eau salée, notamment des invertébrés.

A l’embouchure de a foce di Tanghiccia, le tamarix africain, espèce protégée, côtoie les joncs et les salicornes. Sur les sols moins salés, les peuplements de tamaris sont plus denses et accompagnés de phragmites, aulnes, saules et chênes pédonculés, qui forment une belle ripisylve.

Faune

La cistude d’Europe, tortue aquatique d’eau douce, est présente principalement dans les canaux et et non loin de là, dans le bras du Ciavattone . La tortue d’Hermann fréquente les prairies. La rousserolle effarvate se reproduit dans les roselières de Tanghiccia. De même que le grèbe castagneux et la foulque macroule. Le Héron pourpré, l’oedicnème criard, le busard des roseaux, le milan royal et le blongios nain sont également observés sur le site.

Les pratiques agricoles et une fréquentation non maîtrisée sur le site de Tanghiccia entraînent de nombreuses dégradations, décharges sauvages, pistes, qui fragmentent les habitats et entraînent des pollutions. Des aménagements sont envisagés pour éviter que perdurent ces dégradations. La restauration du cordon dunaire pourrait favoriserla réinstallation d’un fourré à genévriers tel qu’il en existe sur le site voisin de Mucchiatana.

Par ailleurs, Tanghiccia est l’un des sites étudiés dans le cadre du projet Ad’Apto, mis en place par le Conservatoire du littoral et dédié aux territoires soumis aux risques d’érosion ou de submersion marine.

Le site de Tanghiccia fait partie de la zone Natura 2000 de Mucchiatana (partie nord)

Il est également protégé par un arrêté préfectoral de protection de biotope.

Mariana est une colonie romaine fondée autour de 100 av JC et dont l’implantation est directement liée à la présence du fleuve qui devait alimenter en eau les maisons et les établissements publics, dont au moins 5 établissements thermaux. Au Moyen-Age, alors qu’Aleria semble décliner, Mariana est érigée en siège épiscopal : la ville est alors dynamique et pratique le commerce via, probablement, une installation portuaire. La sablière de Tanghiccia a révélé un grand nombre de vestiges archéologiques couvrant les périodes de l’Age du fer jusqu’à l’Antiquité tardive. Mariana est progressivement abandonnée à partir du XIIIe siècle, même si les terres et l’étang de Biguglia (autrefois nommé Chjurlinu) continuent d’être exploités. Les archéologues estiment aujourd’hui que cet abandon pourrait être en partie dû aux phénomènes de crues et d’alluvionnement très puissants qui ont marqué la zone de Tanghiccia – Mariana à cette époque. Le colmatage final de l’embouchure de Tanghiccia est daté du tout début du Moyen-Age.

Une épave de type punique, datée du VIIe ou VIe siècle avant JC a été découverte à Tanghiccia, à l’emplacement du trait de côte de cette époque : il était à environ 650 mètres en retrait de son emplacement actuel, ce qui en dit long sur la dynamique alluvionnaire à l’œuvre. Depuis le milieu du XXe siècle, le phénomène évolue sensiblement : les phases d’accrétion étant moins nombreuses, on alterne entre accumulations et érosion. Le trait de côte de Tanghiccia n’échappe pas au un phénomène érosif général qui marque le littoral.

Les fosses de Tanghiccia ont été creusées artificiellement à une époque récente pour l’exploitation de gravières dans cette ancienne embouchure du Golu.

Le site n’est actuellement pas aménagé pour accueillir le public.

Réglementation sur les terrains du Conservatoire du littoral : le camping, le bivouac, les feux, les dépôts de déchets et la circulation des véhicules à moteur sont interdits.

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