De Macau à Pauillac, les terres de vignobles et les vallons marécageux se succèdent. De multiples cours d’eau ou jalles rejoignent des canaux ou esteys. Le Chenal du Milieu, l’Estey de Tayac et celui de la Laurine  en sont les principaux. Ils sont reliés perpendiculairement au réseau de canaux, de digues et de fossés d’une frange marécageuse d’environ un kilomètre de large en bordure de l’estuaire. Ici, les pratiques agricoles concernent de vastes parcelles et s’associent aux activités de pêche. Les carrelets et les petits ports aux embouchures des canaux rythment la berge face aux îles de l’estuaire.

De Pauillac à Valeyrac, les vignobles terminent leurs pentes douces non loin de la rive et dévoilent de larges vues dégagées vers l’estuaire. Les châteaux des domaines viticoles et le passage des paquebots dressent leur monumentalité au-dessus des vignes.

Entre Lesparre-Médoc et Le Verdon-sur-Mer, les mattes, terres gagnées sur les eaux au XVIIIe siècle, s’étendent le long de l'estuaire sur environ 25 km et pénètrent dans les terres sur une distance de 5 à 10 km. Ces larges parcelles de marais cultivées ou pâturées ouvrent des vues dégagées où les éléments verticaux se détachent nettement. L’intensification de l'agriculture dans les mattes au cours des dernières décennies s’est traduite par une disparition quasi-complète du pâturage, une simplification des réseaux de drainage et une suppression des traditionnelles haies brise-vent de tamaris et de prunelliers. Le Conservatoire du littoral, propriétaire des mattes de Paladon, souhaite rétablir ces valeurs paysagères identitaires des polders du Médoc et protéger les richesses biologiques au-delà de sa propriété.

L’ensemble des mattes est rythmé par de multiples fossés et chenaux où sont installés de petits ports, parfois jusqu’à 2 km de leur embouchure sur l’estuaire. Ils accueillent de petites embarcations de pêcheurs ou de plaisanciers, baladées par les marées, tantôt flottant comme des bouchons, tantôt lourds comme des pierres sur les fonds vaseux.

À l’extrémité de la pointe du Médoc, au nord de Verdon-sur-Mer et de sa zone portuaire, grand port maritime de Bordeaux, la pointe de Grave, sa forêt, ses dunes et sa vaste plage amorcent la longue continuité du littoral aquitain. Elle ouvre une large fenêtre sur l’océan, sur la vénérable silhouette ouvragée du phare de Cordouan et, de l'autre côté de l'estuaire qu'un bac permet de traverser, sur les rives de Royan.