Collection photographique

Les photographes et le Conservatoire du littoral

Le Conservatoire du littoral a été créé en France en 1975 pour que les parties les plus riches et les plus belles des rivages de la mer et des lacs échappent à une urbanisation débordante. En signant un acte d’acquisition par jour en moyenne, il est devenu propriétaire de 1200 km de bords de mer, aujourd’hui préservés pour toujours et ouverts aux visiteurs.

Très vite, pour choisir les priorités d’intervention, pour déterminer les objectifs d’aménagement et de gestion, s’est posée à l’équipe du Conservatoire la question de la perception, de la compréhension des paysages. Dans l’instant comme dans la durée, puisque la nature, comme la côte elle-même, est parcourue de vastes et imperceptibles mouvements.

Alors que scientifiques et techniciens avaient été convoqués, et que leur discours s’appuyait sur des constats photographiques documentaires ou illustratifs, pourquoi l’équipe du Conservatoire a-elle éprouvé le besoin de questionner aussi des artistes ? Pourquoi ce dialogue s’est-il depuis poursuivi et renforcé ? Pourquoi les artistes eux-mêmes, des entreprises mécènes, des organismes locaux ont-ils choisi d’accompagner le Conservatoire dans cette aventure au long cours ?

L’inventaire photographique de la DATAR, lancé en 1983 en référence aux grandes missions américaines du siècle dernier, avait été à l’origine d’un mouvement de réinvestissement de la photographie de paysage, considéré non seulement du point de vue de son intérêt artistique, mais aussi comme moyen d’alimenter la réflexion et le débat sur l’aménagement, l’urbanisme, et plus généralement la question du paysage.

Ce sont bien sûr d’abord les photographes qui avaient participé à la mission photographique delà DATAR qui ont été sollicités par le Conservatoire du littoral. Mais très vite est apparu le besoin de rendre compte aussi des rapports entre les hommes et les femmes qui travaillent ou prennent leur loisir sur le terrain, et la préservation d’espaces libres sur le littoral. Le temps passant, de nouveaux artistes ont été, eux aussi, intéressés par la démarche qui leur était proposée.

La commande publique se limite en général à une mission, à une opération. Ici, depuis près de 30 ans, avec le soutien de la Fondation Gaz de France, c’est peu à peu une quarantaine de photographes, français mais aussi étrangers, célèbres ou moins connus, qui sont intervenus. Presqu'un millier d’images originales ainsi rassemblées aident, à travers une soixantaine de publications et de nombreuses présentations locales et internationales, à faire mieux comprendre, ressentir plus fortement tout ce qui est en jeu dans la vie du paysage littoral.