La Côte bleue est une grande respiration paysagère et naturelle sur le littoral urbain et industriel phocéen. Menacée dans les années 1980 par une urbanisation dégradante, elle est aujourd’hui protégée en grande partie par le Conservatoire du littoral et par un site classé. À l’ouest de Marseille, entre le port de l’Estaque et le golfe de Fos, entre la Méditerranée et l’étang de Berre qu’elle isole de la mer, la chaîne de la Nerthe étire plein sud sur une trentaine de kilomètres son front calcaire couvert de garrigue. Ses larges panoramas sur la cité phocéenne et sur les îles du Frioul ont inspiré les plus grands peintres de la fin du XIXe et du début du XXe siècle (Puvis de Chavannes, Cézanne, Dufy, Renoir, Marquet, Braque, Derain).
Vers l’ouest, elle s’épanche doucement vers le golfe de Fos entre le cap Couronne et Port de Bouc, tandis qu’au sud et à l’est le relief plonge à l’abrupt dans la Méditerranée en déclinant anciens ports de pêche et petites calanques. Tout au long de son versant littoral, le massif est rayé par les ouvrages d’art de la ligne de chemin de fer Marseille-Miramas, ouverte en 1905. Sausset-les-Pins, Carry-le-Rouet, Ensuès-la-Redonne, le Rove… Autant de sites préservés (un parc marin est constitué), appréciés par les habitants de l’agglomération marseillaise et les touristes. Le port de l’Estaque et ses vallons habités terminent la séquence à l’est, juste avant celle des quartiers périphériques marseillais.
« Le pays est superbe. Des deux côtés du golfe, des bras de rochers s’avancent, tandis que les îles, au large, semblent barrer l’horizon ; et la mer n’est plus qu’un vaste bassin, un lac d’un bleu intense par les beaux temps. Au pied des montagnes, au fond, Marseille étage ses maisons sur des collines basses. (…)
Mais L’Estaque n’a pas seulement cette échappée sur la mer. Le village, adossé aux montagnes, est traversé par des routes qui vont se perdre au milieu d’un chaos de roches foudroyées. Le chemin de fer de Marseille à Lyon court parmi les grands blocs, traverse des ravins sur des ponts, s’enfonce brusquement sous le roc lui-même, et y reste pendant une lieue et demie, dans ce tunnel de la Nerthe, le plus long de France.
Rien n’égale la majesté sauvage de ces gorges qui se creusent entre les collines, chemins étroits serpentant au fond d’un gouffre, flancs arides plantés de pins, dressant des murailles aux colorations de rouille et de sang. Parfois, les défilés s’élargissent, un champ maigre d’oliviers occupe le creux d’un vallon, une maison perdue montre sa façade peinte, aux volets fermés. Puis, ce sont encore des sentiers pleins de ronces, des fourrés impénétrables, des éboulements de cailloux, des torrents desséchés, toutes les surprises d’une marche dans un désert. En haut, au-dessus de la bordure noire des pins, le ciel met la bande continue de sa fine soie bleue.
Et il y a aussi l’étroit littoral entre les rochers et la mer, des terres rouges où les tuileries, la grande industrie de la contrée, ont creusé d’immenses trous, pour extraire l’argile. »
Depuis 1985, l’urbanisation a gagné les rives de l’étang de Berre au nord du massif de la Nerthe, avec un fort développement autour de Châteauneuf-les-Martigues. L’artificialisation des terres a affecté également le littoral par étalement entre Martigues à l’ouest et Carry-le-Rouet à l’est. Amorcées dans les années 1980, les acquisitions du Conservatoire du littoral ont permis de fortement limiter l’extension urbaine au sud de l’autoroute A55 et d’éviter le mitage de la garrigue.
• Une grande fenêtre de nature préservée de 30 km de long sur 8 km de large entre Marseille à l’est et le golfe de Fos à l’ouest
• À partir des hauteurs du massif calcaire de la Nerthe (entre 150 et 290 m d’altitude), des panoramas extraordinaires sur Marseille et ses îles au sud, sur l’étang de Berre et l’arrière-pays aixois au nord
• Des paysages côtiers de calanques, de falaises, de petits ports de pêche, de cabanons et de petites plages difficilement accessibles
• Une végétation de garrigue soumise aux risques d’incendie
• Une forte pression touristique entre Sausset-les-Pins et Carry-le-Rouet
• Une forte pression urbaine, économique et industrielle à l’est, vers l’Estaque, aux portes de Marseille
• Après la Camargue, le plus vaste espace continental protégé par le Conservatoire du littoral
• Site classé au titre de la loi de 1930 depuis 2013
• Un parc naturel marin