Entre le cap Fréhel et Paimpol se déploie le vaste espace maritime en forme de « V » de la baie de Saint-Brieuc. À l’est, la côte rocheuse et sauvage marie les bleus et les gris des ciels aux multiples nuances de rouge et de rose des bruyères et des grès. Baignés d’une lumière toujours changeante, les caps, les falaises et les pointes forment autant de belvédères sur le grand large. Les stations des Sables-d’Or-les-Pins, Erquy ou Pléneuf-Val-André y intercalent de grandes plages de sable surplombées par des villas des années 1920, rivalisant d’éclectisme. Puis, au fond de la baie, les zones basses des estuaires du Gouessant, de l’Urne et du Gouet, soumises à de très fortes marées, déclinent des paysages de prés-salés et de vasières.
Aux abords de Saint-Brieuc et de son port, Le Légué, les ambiances se font urbaines, commerciales et industrieuses. Vers l’ouest, se succèdent d’autres sites balnéaires, extensions des bourgs de Plérin, Pordic et Binic. L’urbanisation gagne toujours davantage sur les espaces naturels et agricoles. Au-delà des conséquences de la forte fréquentation touristique de l’estran, des falaises et des caps qu’il est essentiel de contrôler, les enjeux de cette frange littorale déjà très anthropisée se résument en une nécessaire maîtrise de l’urbanisation qui, tout particulièrement ici, banalise paysages et milieux.
« La baie s’enfonce très avant dans les terres, une partie même est une sorte de polder, favorable à la culture des pommes de terre, et comme la mer se retire extrêmement loin, une grande part demeure découverte à marée basse et peut être traversée à pied. Cette partie, en juin, sert d’hippodrome. Cette grande étendue est difficile à mesurer par l’œil. […]
Après nous être déchaussés et après avoir vite franchi les bandes de galets puis les coquillages qui bordaient la côte, nous marchions sur une boue sèche et dure, pendant un kilomètre, ouvragée de millions de petits sillons qu’y avaient creusé les vagues en se retirant. Venaient ensuite une, deux, trois « filières », traînées d’eau que la mer avait abandonnées derrière elle, des sortes de lassos qui pouvaient se refermer sur vous quand vous reveniez trop tardivement sur vos pas au moment du flux : l’eau du large, le « flot » s’y engouffrait à toute vitesse et les faisait déborder, tandis que la « plaine » par ailleurs, et beaucoup plus loin à l’horizon, commençait tout juste à se recouvrir d’une pellicule d’eau. Pour l’instant les filières ressemblaient à des canaux aux rives de boue liquide, parsemées d’algues ou autres plantes marines. »
Entre 1965 et aujourd’hui, la ville s’est étendue principalement le long des rivières, des routes principales et sur les plateaux, au détriment des espaces naturels et agricoles. La première bande côtière a été relativement épargnée grâce aux acquisitions du Conservatoire du littoral, mais les paysages arrière-littoraux restent soumis à une pression urbaine importante.
• 60 km de côtes, une baie très échancrée, des falaises et des caps parmi les plus visités de la côte nord de Bretagne
• Les couleurs changeantes des ciels, des landes, des vasières et des prés-salés constituent le fond des ambiances des sites naturels
• Une forte expansion urbaine vers l’ouest (Plérin, Pordic, Binic) de l’agglomération briochine (120 000 habitants)
• Un mitage des espaces naturels et agricoles à l’est, autour des stations balnéaires du Val-André et d’Erquy
• Une forte fréquentation touristique qui menace l’estran de la baie et les landes des caps
• Des élevages intensifs avec un fort impact sur la qualité des eaux et des milieux
• Une réserve naturelle nationale tout au fond de la baie, dans l’anse de d’Yffiniac
• Grand site du Cap d’Erquy-Cap Fréhel, incluant les sites classés des Landes du cap Fréhel et le cap d’Erquy ; Réserve nationale de la baie de Saint-Brieuc ; 4 sites protégés par le Conservatoire du littoral.