La plupart des caractères identitaires de la côte finistérienne se retrouvent dans l’unité littorale de la rade de Brest : pointes des falaises rocheuses couvertes de landes, arrière-pays agricole ouvert ou bocager, anses dunaires de sable fin et petites criques cachées, abers pénétrants et marais brumeux, ville-rade parmi les plus grandes des rivages français, forts, amers, phares et stations balnéaires, grands ports de commerce ou de guerre et petits ports de pêche… Mais on y trouve également les pressions récurrentes qui affectent le littoral breton. L’étalement urbain, débordant sans charme les bourgs, et le mitage des grands dégagements paysagers impactent fortement une côte aux qualités pourtant exceptionnelles.
« Ici se termine l’ancien monde ; voilà son point le plus avancé, « sa limite extrême ». Derrière vous est toute l’Europe, toute d’Asie ; devant vous est la mer et toute la mer. Si grands qu’à nos yeux soient les espaces, ne sont-ils pas bornés toujours, dès que nous les savons une limite ? Ne voyez-vous pas de nos plages, par-delà la Manche, les trottoirs de Brighton, et, des bastides de Provence, n’embrassez-vous pas la Méditerranée entière, comme un immense bassin d’azur dans une conque de rochers qui cisèlent sur ses bords les promontoires couverts de marbre qui s’éboulent ; les sables jaunes, les palmiers qui pendent, les sables, les golfes qui s‘évasent ? Mais ici plus rien n’arrête. Rapide comme le vent, la pensée peut courir et s’étalant, divagant, se perdant, elle ne rencontre comme eux que les flots ; puis, au fond il est vrai, tout au fond, là-bas, dans l’horizon des rêves, la vague Amérique, peut-être, des îles sans nom, quelque pays à fruits rouges, à colibris et à sauvages, ou le crépuscule muet des pôles avec le jet d’eau des baleines qui soufflent, ou les grandes villes éclairées de verres de couleur, le Japon aux toits de porcelaine, la Chine avec les escaliers à jour, dans des pagodes à clochettes d’or. […]
Nous nous en revînmes au Conquet par la falaise. Les vagues bondissaient à sa base, accourant du large ; elles se heurtaient contre, et couvraient ensuite de leurs nappes oscillantes les grands blocs immobiles. »
Entre 1975 et 2014, la taille de l’agglomération brestoise a presque doublé, les petits bourgs en arrière du littoral vers Le Conquet se sont étalés, le mitage a progressé sur la presqu’île de Daoulas. Hors de l’unité littorale, sur la presqu’île de Crozon, la façade ouest de la presqu’île de Roscanvel s’est hautement urbanisée comme, au sud, les environs de Crozon. Ces deux images montrent aussi les acquisitions très importantes que le Conservatoire du littoral a menées dans ce secteur. Elles ont permis de sauvegarder une partie importante du littoral de la presqu’île, notamment le cap de la Chèvre, et celui de la rade de Brest.
• Une très grande unité littorale qui inclut la rade, la métropole et le grand port militaire de Brest (212 000 habitants), et une partie de la façade atlantique entre Lampaul-Plouarzel et la pointe Saint-Mathieu
• Des paysages littoraux très variés (falaises rocheuses, anses dunaires, ports de pêche, ville rade, rias intimes)
• Des jeux de vis-à-vis largement développés entre le littoral nord de la rade et celui de la presqu’île de Crozon qui lui fait face
• Un patrimoine architectural et militaire très important
• Un développement urbain autour de Brest et un mitage le long des côtes menaçant la pérennité des paysages naturels littoraux
• Une agriculture intensive qui attente à la qualité des eaux et des paysages proches du littoral
• 6 espaces protégés par le Conservatoire du littoral
• 4 sites littoraux classés au titre de la loi de 1930 : l’île Segal, Le Conquet, Les Blancs-Sablons, rive nord du goulet de Brest.