Partager sur
Actualité
Le saviez-vous ?
Emblème du Conservatoire du littoral, le panicaut maritime, aussi appelé chardon bleu des dunes, est une plante aussi piquante qu’inspirante.
Dès sa création en 1975, le Conservatoire du littoral a choisi comme logo une plante emblématique des rivages : le panicaut maritime (Eryngium maritimum), aussi appelé chardon bleu des dunes. Présent sur les côtes sableuses, de l’Atlantique à la Méditerranée, il incarne la richesse et la résilience des milieux littoraux.
Mais derrière son apparence acérée, cette espèce vivace cache bien des secrets ! Contrairement aux véritables chardons, qui appartiennent à la famille des Astéracées, il fait partie des Apiales, aux côtés de la carotte sauvage et d’autres ombellifères.
Son atout ? Une impressionnante racine pivotante, qui lui permet de puiser l’eau en profondeur et de résister aux assauts du vent et du sable. En été, il déploie de magnifiques inflorescences bleues violacées en capitules arrondis.
Enfin, c’est un véritable paradis pour les insectes ! De juin à septembre, ses fleurs attirent une grande diversité de pollinisateurs, jouant un rôle clé dans l’écosystème dunaire.
Pour les 50 ans du Conservatoire du littoral, le chardon des dunes demeure un symbole incontournable. Les pointes de ses piquants s’adoucissent, ses contours forment un lien et soulignent un message fort : « le littoral en commun ». Un hommage à toutes celles et ceux qui s’engagent pour le préserver, un rappel de la nature profondément collective de ces espaces, et un appel à les protéger ensemble, pour tous et pour toujours.
Emblématique et résilient, le chardon bleu des dunes est aussi inspirant, en témoignent ces vers de Victor Hugo :
Maintenant que mon temps décroît comme un flambeau,
Que mes tâches sont terminées ;
Maintenant que voici que je touche au tombeau
Par les deuils et par les années,
Et qu'au fond de ce ciel que mon essor rêva,
Je vois fuir, vers l'ombre entraînées,
Comme le tourbillon du passé qui s'en va,
Tant de belles heures sonnées ;
Maintenant que je dis : - Un jour, nous triomphons ;
Le lendemain, tout est mensonge ! -
Je suis triste, et je marche au bord des flots profonds,
Courbé comme celui qui songe.
Je regarde, au-dessus du mont et du vallon,
Et des mers sans fin remuées,
S'envoler sous le bec du vautour aquilon,
Toute la toison des nuées ;
J'entends le vent dans l'air, la mer sur le récif,
L'homme liant la gerbe mûre ;
J'écoute, et je confronte en mon esprit pensif
Ce qui parle à ce qui murmure ;
Et je reste parfois couché sans me lever
Sur l'herbe rare de la dune,
Jusqu'à l'heure où l'on voit apparaître et rêver
Les yeux sinistres de la lune.
Elle monte, elle jette un long rayon dormant
A l'espace, au mystère, au gouffre ;
Et nous nous regardons tous les deux fixement,
Elle qui brille et moi qui souffre.
Où donc s'en sont allés mes jours évanouis ?
Est-il quelqu'un qui me connaisse ?
Ai-je encor quelque chose en mes yeux éblouis,
De la clarté de ma jeunesse ?
Tout s'est-il envolé ? Je suis seul, je suis las ;
J'appelle sans qu'on me réponde ;
Ô vents ! ô flots ! ne suis-je aussi qu'un souffle, hélas !
Hélas ! ne suis-je aussi qu'une onde ?
Ne verrai-je plus rien de tout ce que j'aimais ?
Au-dedans de moi le soir tombe.
Ô terre, dont la brume efface les sommets,
Suis-je le spectre, et toi la tombe ?
Ai-je donc vidé tout, vie, amour, joie, espoir ?
J'attends, je demande, j'implore ;
Je penche tour à tour mes urnes pour avoir
De chacune une goutte encore !
Comme le souvenir est voisin du remord !
Comme à pleurer tout nous ramène !
Et que je te sens froide en te touchant, ô mort,
Noir verrou de la porte humaine !
Et je pense, écoutant gémir le vent amer,
Et l'onde aux plis infranchissables ;
L'été rit, et l'on voit sur le bord de la mer
Fleurir le chardon bleu des sables.
— Victor Hugo, Les Contemplations, Paroles sur la dune