Partager sur
Actualité
Présente depuis des millénaires dans l’Atlantique, l’océan Indien, ainsi que sur les côtes de Grèce et de Turquie, cette espèce protégée, pouvant atteindre 150 kilogrammes et mesurer environ un mètre, semble désormais apprécier de plus en plus le littoral
La géographie des sites de ponte de la tortue caouanne, autrefois confinée à la Méditerranée orientale, se transforme sous l'effet des dérèglements climatiques. Si, au début des années 2000, les premières traces de ponte étaient détectées sur les plages du haut de la plage en Corse, ce phénomène s'étend désormais bien au-delà des frontières traditionnelles. En 2024, on a recensé pas moins de 17 nids sur les plages du Languedoc-Roussillon, de la Corse et de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, un nombre en constante augmentation par rapport aux 9 nids observés entre 2002 et 2022 en Méditerranée française.
Face à ce nouvel enjeu pour la biodiversité, le Conservatoire du littoral adapte ses actions de gestion des sites naturels. En effet, les ganivelles, qui sont installées pour lutter contre l’érosion et gérer la ligne du rivage, peuvent parfois constituer un obstacle pour ces tortues patrimoniales. C’est dans ce contexte que des actions de protection renforcées ont été mises en place, notamment sur le Lido des Aresquiers, où depuis 2020, l’opération « Attention, on marche sur des œufs » vise à protéger non seulement la sterne caugeck et le gravelot à collier interrompu, mais aussi les tortues caouannes. Ces dernières ont montré leur capacité d'adaptation en pondant sur le haut de plage, et des tortillons ont émergé du sable quelques semaines plus tard. Ce phénomène montre comment la nature peut s’adapter aux changements en cours en Méditerranée, avec les sites du Conservatoire servant de véritables lieux d'accueil pour le vivant.
© Frédéric LarreyFocus sur le Lido des Aresquiers : un site clé de nidification
Le Lido des Aresquiers, situé dans le vaste écosystème lagunaire de l’Étang de Vic, est un site précieux pour la biodiversité. Acquis par le Conservatoire du littoral en 1982, ce site classé offre une grande variété de paysages : dunes, lagunes, bois littoraux et zones humides. Ces milieux naturels sont protégés par une série d'actions de gestion rigoureuses, qui incluent la maîtrise foncière et la restauration de milieux dégradés. Depuis 2018, le site est cogéré par le CEN Occitanie, Montpellier Méditerranée Métropole et Sète Agglopole Méditerranée.
Le Lido des Aresquiers est particulièrement important pour plusieurs espèces de faune, dont la sterne naine et le gravelot à collier interrompu, qui viennent nicher de mars à août. En particulier, il est un site historique pour la sterne naine, dont les populations étaient nombreuses dans les années 2000, atteignant jusqu’à 540 couples en 2005. Toutefois, en raison de l'augmentation de la fréquentation humaine, ces oiseaux se déplacent vers des zones plus tranquilles depuis 2016. Mais ce site est également devenu une zone propice à la tortue Caouanne, en particulier avec l'augmentation des températures de l’eau. En 2018, une ponte a été observée, donnant naissance à des tortillons qui ont rejoint la mer.
Pour protéger ces espèces sensibles, les gestionnaires du site délimitent chaque année, de mars à août, plus de 9 hectares de zones de quiétude, où l'accès est restreint. Ces zones sont protégées par des filets et des panneaux de sensibilisation, afin de limiter les perturbations humaines pendant la période de reproduction. Grâce à ces efforts, le Lido des Aresquiers devient un modèle de gestion respectueuse des écosystèmes face aux défis posés par le changement climatique.