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Le Département de Loire-Atlantique et le Conservatoire du littoral signent un partenariat sans précédent pour l’estuaire de la Loire.
Principal propriétaire des espaces naturels de l’estuaire de la Loire, le Conservatoire du littoral a sollicité le Département pour lui confier la gestion de ses terrains, soit 2600 hectares situés sur les deux rives. Le Département devient ainsi le premier gestionnaire des milieux naturels dans cet espace riche et fragile qui concentre de forts enjeux environnementaux, économiques, patrimoniaux et touristiques.
Le Département et le Conservatoire du littoral se sont fixé des objectifs communs dans une convention de gestion signée cet été : préserver et valoriser les milieux naturels, assurer la sauvegarde de l’espace estuarien, le respect du site et de l’équilibre écologique tout en permettant une ouverture au public compatible avec la fragilité de ces milieux naturels exceptionnels, ainsi qu’avec les usages existants.
Coordonner, animer, être à l’écoute des acteurs de terrains, collectivités locales, agriculteurs, éleveurs, chasseurs… voici quelques unes des missions concrètes assurées par les trois agents du Département spécialement recrutés pour contribuer à la gestion de ces espaces estuariens.
© CG 44
Quels sont les objectifs de cette gestion ?
Le Département et le Conservatoire du littoral se sont fixé comme objectifs prioritaires de :
- Préserver et valoriser les milieux naturels, tout en confortant les activités agricoles d’élevage en place
- Assurer une ouverture au public compatible avec la fragilité des milieux et les usages existants
Depuis plus de 15 ans, et le début de son intervention sur l’estuaire, le Conservatoire du littoral a structuré des partenariats forts avec les collectivités locales, les agriculteurs, les chasseurs et les naturalistes. Près de 40 exploitations agricoles sont ainsi en convention avec le Conservatoire afin de conforter des exploitations d’élevage indispensables au maintien de la biodiversité et des paysages prairiaux estuariens.
La remise en gestion de ces espaces ne se traduira donc pas par une « mise sous cloche » mais par la poursuite et le développement des partenariats locauxavec les acteurs publics que sont les intercommunalités, les communes, les établissements publics, mais aussi les acteurs collectifs et individuels du tissu économique et social qui, tous dans leur domaine spécifique, œuvrent au quotidien sur le terrain (associations, agriculteurs, pêcheurs, chasseurs…).
Pour Claude Naud, vice-président du Conseil général délégué aux ressources et milieux naturels, « cette prise en gestion de sites naturels sensibles aussi emblématiques que l’estuaire de la Loire s’inscrit dans la politique départementale des espaces naturels défini par le Plan départemental en faveur des espaces naturels (PDEN). Avec le PDEN, approuvé en octobre 2012, nous avions réaffirmé avec force notre double ambition de protection et d’ouverture au public des espaces naturels en Loire-Atlantique. Une gestion que nous allons mener en partenariat avec l’ensemble des acteurs concernés et impliqués dans cet espace exceptionnel qu’est l’estuaire. »
Aujourd’hui ce sont 5 700 hectares d’espaces naturels divers (marais, bocage, zones humides, dunes, falaises, étangs, bois…) qui sont gérés par le Département. Cette responsabilité en fait un acteur majeur pour les espaces naturels en Loire-Atlantique.
Le conservatoire du Littoral
Le Conservatoire du littoral est quant à lui propriétaire en région Pays de la Loire de plus de 7 000ha d’espaces naturels pour lesquels il assure ainsi la protection définitive. Ces espaces, toujours valorisés localement, sont diversifiés (Lac de Grand Lieu, Estuaire de la Loire, Bassin du Mès, Ile Dumet, Côte sauvage de Pornic à Préfailles, Marais breton, etc). Ils sont confiés en gestion à différents partenaires (Départements, collectivités locales, associations, etc).
Le rôle du Département : coordonner, animer et gérer
En qualité de gestionnaire de ces sites, le Département va concrètement remplir les missions suivantes :
- Coordonner et animer la gestion de ce site via la mise en place d’un comité de gestion, co-piloté avec le Conservatoire du littoral
- Contribuer à l’actualisation du plan de gestion déjà existant aux côtés du Conservatoire,, en particulier sur les points opérationnels (coûts, échéancier, opérateurs…) et sur la prise en compte des usages
- Mettre en œuvre ce nouveau plan de gestion
- Travailler avec les agriculteurs en place, suivre lesconventionnements existants (environ une quarantaine d’agriculteurs en convention avec le Conservatoire sur 2250 hectares) et animer ce réseau.
- Écouter, accompagner et développer des partenariats avec les utilisateurs du site : éleveurs, chasseurs, naturalistes…
- Entretenir et assurer des travaux de gestion ou de restauration d’écosystèmes : roselières, mares, boisements
- Enrichir et rendre plus accessible la connaissance scientifique de ces milieux : collecte de données et inventaires naturalistes des habitats naturels, de la faune et de la flore, connaissance des pratiques et usages humains
- Organiser l’accueil du public : sensibilisation et accueil du public, entretien des équipements d’accueil. L’accueil du public et sa compatibilité avec les milieux naturels sensibles et les activités existantes fera l’objet d’une réflexion menée en concertation avec le Conservatoire du littoral. Des fenêtres de découverte de l’estuaire existent déjà (chemin des carris, observatoire de Lavau-sur-Loire) mais cette possibilité d’accès doit être corfortée et organisée de façon raisonnable et raisonnée.
Quels sont les moyens mis en œuvre ?
Trois personnes – un ingénieur et deux techniciens espaces naturels sensibles- ont été spécialement recrutées par le Département pour assurer des missions de terrain en coordination avec les acteurs locaux tels que les éleveurs, agriculteurs, chasseurs… Leur rôle est d’assurer une mission de proximité, d’être à l’écoute, avec une véritable réactivité que permet leur présence sur le terrain. Il s’agit pour la majeure partie des actions de conforter des bonnes pratiques déjà en place et de les diffuser.
Des opérations très concrètes viendront ainsi faciliter le travail quotidien de certains éleveurs : reconversions d’anciennes peupleraies en prairies, opérations de nettoyage et de remise en état, accompagnement des éleveurs dans la démarche agro-environnementale, conseils pour la gestion des mares, des roselières…
Le Département va également faire appel, en fonction de leurs compétences, à divers partenaires déjà impliqués dans la gestion de l’estuaire tel que l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Les contrats Loire-Atlantique Nature, nouveau dispositif du Département, vont permettre d’enclencher ou de renforcer les partenariats avec les acteurs localement impliqués.
L’estuaire de la Loire, richesse et diversité
Site emblématique pour un département dénommé « Loire-Atlantique », l’estuaire est la rencontre entre le fleuve et l’océan. C’est un espace en constante quête d’équilibre : entre eau douce et eau salée, entre terre et mer, entre industrie et espaces naturels… Ce site a avant tout besoin d’une véritable gestion partagée, collective et différenciée en fonction des usages et des espaces concernés. Une gestion adaptée et cohérente afin de répondre aux différents enjeux, qu’ils soient environnementaux, économiques ou touristiques.
L’estuaire de la Loire constitue une zone humide majeure de la façade atlantique. Il comprend une grande diversité de milieux et d’espèces : roselières, prairies humides ou encore zones de bocage composent l’essentiel de ses espaces naturels. Cet estuaire constitue une étape incontournable des poissons migrateurs entre eau douce et eau de mer, participe de façon essentielle au rôle de nourricerie des poissons marins, et est reconnu d’importance internationale pour la migration des oiseaux.
Le site de l’estuaire de la Loire s’intègre par ailleurs dans un vaste complexe de zones humides dont l’importance écologique et l’interdépendance sont unanimement reconnues (Loire, Brière, Grand-Lieu,
Guérande, Erdre, Marais breton…). Il abrite des milieux originaux et peu répandus à l’échelle de la façade atlantique et fait l’objet d’une protection et d’une valorisation de ses espaces naturels qui constitue une priorité majeure.
Enfin l’estuaire de la Loire est un lieu complexe mêlant activités traditionnelles humaines que sont l’agriculture, la chasse, la pêche et des activités économiques et industrielles importantes pour la région et le département. Un espace unique où doivent se concilier environnement, économie et tourisme dans le respect de chacune de ces activités.
Le Plan départemental des espaces naturels
Élaboré au terme d’une large concertation en 2012, le Plan départemental des espaces naturels vise à encourager la conciliation des usages et la gestion partagée des milieux en impliquant les acteurs du terrain dans sa mise en œuvre.
L’enjeu de la politique départementale de conservation, de valorisation et de gestion du patrimoine naturel en Loire-Atlantique, est bien de rechercher l’équilibre entre activités humaines et protection des milieux. L’activité humaine a toute sa place et ne doit pas être en opposition à la protection de ces sites naturels uniques : il ne s’agit pas d’une « mise sous cloche » mais bien de prendre en compte les multiples usages de ces milieux en associant étroitement tous les acteurs du territoire.
Se voir confier la gestion de2600 hectaresd’espaces naturels par le Conservatoire du littoral représente pour le Département une étape emblématique de son Plan Département des Espaces Naturels et le premier acte d’une véritable stratégie départementale sur l’estuaire.
Le Conservatoire poursuit sa politique d’acquisition de terrains au sein de l’estuaire. Il confiera la gestion de ses futures propriétés au Département qui devrait donc assurer, à terme, la gestion de4 000 hectaresde terrains.