Commune(s) HOEDIC (56)
Surface protégée : 37.42 hectares
Unité littorale : COTE OUEST DU MORBIHAN
Émergence d’une dorsale séparant le grand large du plateau de la Recherche, l’île d’Hoedic a su préserver jusqu’à nos jours une insularité rare.
Milieux naturels remarquables et sociétés humaines authentiques s’y accordent avec équilibre depuis des siècles.
Sur ce “caillou” du Mor Braz aux hivers doux et aux étés frais, la vie a prospéré de manière singulière, les hommes s’ajustant toujours aux ressources disponibles. Dunes et cordons de galets accrochés aux pointes rocheuses, bas marais arrière dunaires, pelouses rases, fourrés et prairies dessinent une succession d’habitats où influences méridionales et atlantiques se côtoient sur plus de 200 hectares.
Entre le nord-est abrité et le sud-ouest exposé aux rigueurs de l’océan, le contraste est saisissant. Du côté du Champ du Menhir, landes et fourrés s’élèvent sur d’anciennes parcelles cultivées.
Une vaste roselière s’étend en contrebas du hameau du Paluden. Vu de ce côté, le village d’Hoedic apparaît lové aux abords d’une paisible campagne verdoyante.
Appréhendé de la côte rocheuse de Caspéraquiz, le paysage est tout autre. Il révèle une communauté d’hommes établie sur une terre rase et dont les petites maisons blanches, serrées les unes contre les autres, émergent d’un pays battu par les vents.
En juin, les franges sableuses de l’île se couvrent du jaune doré des immortelles des dunes.
A la fin de l’été, lis de mer et leurs longues fleurs blanches desquelles jaillissent des étamines orangées.
La flore
Bénéficiant d’un climat particulièrement clément, Hoedic représente pour de nombreuses espèces méridionales leur limite nord de répartition.
De la dune blanche mobile à la dune grise stabilisée s’étage une flore particulièrement riche. Tapis de pourpiers de mer aux petites rosettes grasses et brillantes, tiges blondes d’oyats, grandes fleurs violacées et odorantes des giroflées des dunes, ombelles vertes et lumineuses des euphorbes du littoral y composent une mosaïque aux couleurs chaleureuses.
Venus des côtes d’Espagne et du Portugal, les oeillets des dunes parsèment au printemps, de leurs pétales roses finement découpés, les sables gris.
Par endroits, un arbrisseau, le raisin de mer, couvre les dunes fixées.
Caché parmi les graminées, l’ophrys de la passion, en bonne orchidée, a pris l’aspect d’une araignée pour se faire polliniser par quelque arachnide bienveillant. Dans les dépressions et les prairies humides, la végétation s’est élevée. L’orchis à fleurs lâches égaye les étendues vertes de sa belle teinte violette tandis que parmi la végétation lacustre du Paluden, scirpes des lacs et laîches des sables bordent les hauts roseaux.
D’août à septembre, les sublimes fleurs blanches des lis de mer jonchent les rivages du levant. A l’ouest battu par les embruns,les choux marins et leur large feuille trouvent place sur les cordons de galets; sur les pelouses dunaires les longs poils soyeux des queues de lièvre émergent des lichens gris et plus à l’intérieur, les landes rases à ajoncs prostrés.
La faune
De passage ou sédentaire, l’avifaune d’Hoedic est tout simplement étonnante. Avec plus d’espèces que d’hectares, l’île est un vrai paradis ornithologique.
Quelques oiseaux de pleine mer particulièrement rares fréquentent en hiver ses rivages. Parmi eux, le plongeon catmarin, dont le nom provient de son miaulement d’amour, est un véritable submersible qui nage à la façon d’un cormoran. Plongeons imbrins, guillemots de Troïl, pingouins torda et fous de Bassan croisent plus au large alors que sur la grève, une cohorte de limicoles s’affaire en tous sens.
Gravelots, bécasseaux et tournepierres arpentent la grève chacun selon son style. Les grands gravelots courent sur quelques mètres puis soudain s’arrêtent, happent une proie, puis s’envolent pour se reposer à faible distance. Les bécasseaux sanderling, en quête de petits mollusques, trottinent inlassablement au bord des vagues tandis que les tournepierres à collier, pour se nourrir de vers et de crustacés, retournent les cailloux d’un vif coup de bec.
Lors des migrations d’automne ou de printemps, des oiseaux venant d’Afrique, d’Amérique du Nord ou de Sibérie se reposent un temps sur l’île avant de reprendre leur long périple.
L’hirondelle des rivages y séjourne pour nicher dans les falaises sableuses de la côte. Aigrettes garzette et hérons cendrés habitent le marais en compagnie des canards colvert, tadornes de Belon, foulques macroule et grèbes castagneux. L
es rousserolles effarvatte animent la roselière de leur babil incessant. Comme pour célébrer cette vie, les crapauds calamite se rassemblent en nombre d’avril à mai dans la mare d’une ancienne carrière pour former un ensemble vocal pour chants roulés qui, de nuit, peut s’entendre à près de 2 kilomètres.
Remarquable par la diversité et la fragilité de ses milieux, le site d’Hoedic fait aujourd’hui partie du réseau Natura 2000.
Acquis à partir de 1977 par le Conservatoire du Littoral, il est depuis géré par l’association de gestion du fort d’Hoedic et de son environnement.
Pour assurer la préservation des espaces, un ensemble de mesures de protection a été mis en oeuvre.
La lagune du Paluden, envahie par les grands roseaux, évoluait inéluctablement vers l’assèchement et l’appauvrissement de sa biodiversité. De récents travaux d’ouverture de canaux et de plans d’eau, cofinancés par la communauté européenne, ont permis de pallier cette menace et le retour progressif d’oiseaux telles les sarcelles, les échasses ou les aigrettes.
Les dunes, menacées par le fort piétinement estival, ont été protégées à l’aide de ganivelles en châtaignier. Du géotextile a été déroulé sur les passages les plus fréquentés afin de limiter l’érosion des sols. À la fois espace de liberté et zone sensible, le site a besoin de tous pour ne pas se détériorer. Ainsi, les descentes sauvages ouvertes à même les falaises de sable sont-elles très préjudiciables à leur maintien.
Nombre de plantes sont rares et protégées. Ne pas les cueillir relève d’un geste responsable. Hoedic est un monde préservé où tout est à dimension humaine. Une rare authenticité imprègne l’île et sa population, posez-y pieds et regards avec délicatesse.
L’île fut peuplée plusieurs millénaires avant notre ère. Alignements, dolmens et menhirs témoignent d’une société mégalithique importante dont les impressionnantes réalisations, consacrées aux rassemblements, à la défense, à l’observation, au culte des morts ou à la célébration de la vie, imposent le plus grand respect. Hautement spirituelle, la signification du menhir évoluera au fil du temps et selon les peuples.
Tour à tour gardien de sépulture, frontière entre la Terre des vivants et la Plaine heureuse où survivent les morts, symbole de fertilité, il sera christianisé en maints endroits. Ainsi, le Menhir de la Vierge, que les femmes celtes vénéraient pour son symbole de fécondité, deviendra un temps le refuge d’une statue de la Vierge Marie.
Un fort de style Vauban fut construit en 1853 afin de défendre les côtes des velléités anglaises. Jamais armé, il sera acheté en 1979 par le Conservatoire du Littoral qui, avec le concours des Hoedicais, le transformera sur une aile en gîte d’accueil et salles d'exposition. Conçu pour être invisible de la mer, il domine un paysage où se fondent milieux marins et terrestres.
Quatre champs entourés de murets de pierres témoignent encore d’une époque où, jusque dans les années 1950, de nombreuses parcelles étaient cultivées en sillons.
La vie sociale d’Hoedic, basée sur une charte d’inspiration humaniste, aux valeurs communautaires et égalitaires, était alors organisée autour du travail collectif. Un recteur veillait avec acuité sur la communauté de l’île.
Au surplomb de la grève, gisent d’anciens fours à goémons bordés et tapissés de dalles de pierres. Le varech y était brûlé pour produire des blocs de soude. Çà et là, des galets naguère accrochés aux algues parsèment leurs abords.
Association de Gestion du Fort d'Hoëdic et de son Environnement
Le Fort
56170 HOEDIC
Tél. 02 97 52 48 82
Site Internet : https://www.fort-hoedic.fr/