À près de 10 km au large des côtes et plus de 5 km au large des îles Cerbicale, le micro-archipel du Toro est composé de plusieurs îlots au relief âpre et quasi nu. Séparés de l’île Corse par des fonds de plus de 50 mètres de profondeur, les îlots du Toro, refuge pour de nombreuses espèces animales et végétales, sont un haut lieu de biodiversité. Ils font partie de la réserve naturelle des îles Cerbicale.
Habitats et Flore
Les îlots du Toro sont essentiellement rocheux. Ils sont un refuge important pour une petite fleur d’apparence anodine : le silène velouté, espèce endémique du sud de la Corse et de la Sardaigne dont la population totale n’excède pas les 2500 individus.
Faune
Dans le granite compact et homogène qui compose les îlots, les éboulis artificiels créés par les canonnades de l’armée forment un environnement tout-à-fait favorable à l’océanite tempête qui y niche. Cette espèce très vulnérable aux rats, qui détruisent les nids, est préservée sur ces îlots éloignés du continent et sans prédateurs terrestres. Le puffin cendré, espèce nichant dans des terriers ou sous des rochers, trouve sur Toro un milieu très favorable. Cormorans huppés, goélands leucophée, martinets pâles se reproduisent aussi sur l’archipel du Toro.
Chez les reptiles, des micro-évolutions spectaculaires ont eu lieu dans certaines populations : le lézard tiliguerta s’y pare d’étonnantes teintes noir et jaune et est 1,5 fois plus grand que sur l’île de Corse. Le phyllodactyle d’Europe a une taille moyenne supérieure de 40 % à 50 % à la moyenne de ses congénères corses. Les densités de population de ces espèces sont particulièrement élevées.
L’introduction accidentelle de rats sur les îlots du Toro à la fin des années 1980 s’était soldée par de fortes atteintes à l’écosystème, notamment une baisse importante de la population de silène velouté. Des campagnes de dératisation ont permis de remédier à cette situation.
La réserve naturelle, créée en 1981, est gérée par l’Office de l’Environnement de la Corse, qui gère également la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio. Si les visiteurs ne peuvent accéder aux îlots, c’est en revanche un site très prisé des scientifiques qui peuvent y étudier des phénomènes rares et puissants d’évolution en milieu confiné.
Les îlots sont couverts par plusieurs réglementations : Réserve naturelle, site Natura 2000, ZPS.
Dans tout l’extrême sud de la Corse (communes de Porto Vecchio, Bonifacio, Figari, Pianottoli-Caldarello, Monaccia d’Aullène), les protections terrestres du Conservatoire (4000 ha) sont complémentaires de la préservation assurée en mer et sur les îlots par la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio (80 000 ha). Ce vaste ensemble préservé s’inscrit dans le cadre transfrontalier du GECT-Parc Marin International dont fait aussi partie le Parc national de l’Archipel de la Maddalena en Sardaigne.
C’est l’Office de l’Environnement de la Corse (par délégation de la Collectivité de Corse) qui gère le domaine du Conservatoire du littoral, conjointement avec la réserve naturelle, assurant ainsi une gestion intégrée terre-mer.
Ces « petits Galàpagos » sont les îlots les plus anciennement isolés de la Corse, il y a sans doute plus de 12000 ans. Leur caractère insulaire est donc bien plus ancien que celui des autres îles Cerbicale, plus proches de la côte et entourés de fonds moins vertigineux. Cet isolement ancien, ajouté à des conditions climatiques extrêmes, a créé les conditions de processus d’évolution particulier pour les espèces animales terrestres piégées sur les îlots.
Par ailleurs, l’histoire récente du site a paradoxalement contribué à en accentuer la richesse écologique. En effet, à l’instar du rocher de la Vacca, les îlots du Toro appartenaient à la Marine Nationale qui y effectuait des tirs d’essais. On y trouve encore d’impressionnants obus non explosés fichés dans le rocher. Ces tirs répétés sur le solide roc granitique a provoqué de nombreux éboulis stable qui se sont avérés des espaces propices à la nidification d’oiseaux cavernicoles. L’action militante de la fameuse botaniste corse Marcelle Conrad, dans les années 1970, a mis fin aux canonnades et posé les bases du classement en réserve naturelle des îlots.
L’accès aux îles est interdit : l’accostage, la pêche et la chasse y sont interdits ainsi que tout prélèvement.
L’archipel est en zone de non prélèvement de la Réserve naturelle.
à 5.85 km