Commune(s) PORTO-VECCHIO (2A)
Surface protégée : 293.49 hectares
Unité littorale : EXTREME SUD
Entre Porto Vecchio et Bonifacio, la baie ronde de Santa Giulia s’ouvre vers l’est, dominée au sud par le gros massif rocheux de San Rafaellu qui culmine à 253 mètres d’altitude. Alimenté par les trois ruisseaux de Lezza, Alzellu et Vignarellu, l’étang tout en longueur de Santa Giulia occupe le fond du golfe, séparé de la mer par un lido entièrement investi et privatisé par les installations touristiques. Au nord, les collines dominant le golfe ont été urbanisées. Le site du Conservatoire se déploie donc naturellement en arrière du lido et vers le sud, offrant une atmosphère très bucolique. Au sommet de la Punta Rafellu s’ouvre vers le nord une perspective magnifique embrassant les grandes unités paysagères, étang, lido, mer, avec en toile de fond les collines de la Punta di l’Oru et de l’Armentaggio, et plus loin la pointe de la Chiappa. Au sud, on aperçoit les îles Lavezzi. Entre l’étang et le sommet s’étend le grand massif forestier de Ghiuncajola, en apparence impénétrable, où d’anciennes traces d’occupation humaine côtoient les formes spectaculaires des boules de granite taffonisées, sculptées par le vent, le sel, la mer et le soleil.
Habitats et Flore
Le lido de Santa Giulia était recouvert par un boisement de genévrier de Phénicie, dont il reste quelques individus à proximité du grau, au sud de l’étang. Les pins ont pris la place des genévriers, dans les espaces laissés libre par l’urbanisation touristique. L’étang, de faible profondeur, est encadré de roselières et jonçaies, tandis que la rive orientale, davantage soumise aux apports salins, accueille salicornes et obiones. Dans la nappe d’eau ondulent les grandes herbes, Ruppia spiralis.
Dans le massif de Ghjuncajola, de grands genévriers centenaires ont échappé aux incendies dont les traces restent visibles. Ils se repèrent facilement dans ce maquis haut à chênes lièges.
Faune
Les herbiers à ruppias de la lagune sont un milieu nourricier très favorable à l’aphianus de Corse, petit poissons protégé. Au bord de l’étang, le crapaud vert des Baléares, reconnaissable à son camouflage si habile, peau beige parsemée de tâches vertes, attend que la nuit soit tombée pour lancer son chant si particulier : un trille très doux qui évoque tout sauf un coassement.
Santa Giulia est une nurserie pour quelques passereaux, pipit rousseline, bouscarle de Cetti, tarier pâtre, et oiseaux d’eau. La poule d’eau, plumage noir, hautes pattes et bec rouge et jaune, et le moins flamboyant petit gravelot viennent s’y reproduire. D’autres ne font que passer : héron cendré, aigrette garzette, gravelot à collier interrompu, busard des roseaux… Certains jours, il y a foule sur et autour de l’étang.
L’enjeu principal est de maintenir l’ambiance bucolique d’un site au voisinage d’installations touristiques fonctionnant en saison de manière intensive. En entrée de site, à proximité de la coopérative viticole, quelques prairies sont pâturées par un agriculteur conventionné avec le Conservatoire du littoral.
Dans tout l’extrême sud de la Corse (communes de Porto Vecchio, Bonifacio, Figari, Pianottoli-Caldarello, Monaccia d’Aullène), les protections terrestres du Conservatoire (4000 ha) sont complémentaires de la préservation assurée en mer et sur les îlots par la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio (80 000 ha). Ce vaste ensemble préservé s’inscrit dans le cadre transfrontalier du GECT-Parc Marin International dont fait aussi partie le Parc national de l’Archipel de la Maddalena en Sardaigne.
C’est l’Office de l’Environnement de la Corse (par délégation de la Collectivité de Corse) qui gère le domaine du Conservatoire du littoral, conjointement avec la réserve naturelle, assurant ainsi une gestion intégrée terre-mer.
L’étang de Santa Giulia, très riche écologiquement, est protégé dans le cadre d’une ZNIEFF.
Le massif de Ghjuncajola est parsemé de vestiges révélant une occupation très ancienne du site. D’anciens abris sous roche encore partiellement fermés de murets de pierre ont livré quelques éléments archéologiques : tessons de céramique, outils lithiques… Un hameau abandonné et ruiné se trouve même au cœur du massif : deux maisons aux murs encore debout, d’anciens murets délimitant parcelles et aires de battage, deux fours à pain. Deux familles au moins habitaient et exploitaient ce petit territoire il y a encore une cinquantaine d’années.
Dans le maquis, plusieurs charbonnières sont visibles : pour fabriquer le charbon de bois, les charbonniers entassaient des rondins de bois sur des plateformes aménagées et bordées de pierres. Un feu alimenté pendant des jours consumait le bois qui se transformait en charbon. Ce mode de production d’un combustible précieux a perduré en Corse jusqu’au milieu du XXe siècle. Le charbon était exporté par bateau vers les grands ports de Méditerranée.
L’accès au site se fait par le sud, par une petite route au départ de la T 10. Un stationnement en bord de route permet de laisser son véhicule. Les sentiers qui parcourent le massif de Ghjuncajola et permettent d’accéder au sommet de la Punta Rafaellu sont en cours de réhabilitation. Ils permettront d’accéder au sentier littoral en évitant les installations touristiques du lido de Santa Giulia.
Réglementation sur les terrains du Conservatoire du littoral : le camping, le bivouac, les feux, les dépôts de déchets et la circulation des véhicules à moteur sont interdits.