La péninsule qui prolonge l’île au nord, comme un doigt tendu dans le golfe de Gênes, illustre parfaitement ce classique de la géographie : la Corse est une « montagne qui tombe dans la mer ». Des portes de Bastia sur la côte est jusqu’aux abords de Saint-Florent à l’ouest, les dynamiques paysagères y déclinent toutes les formes du dialogue entre le vertical et l’horizontal, la montagne et le littoral, le minéral et l’eau, le vert des maquis et le bleu de la mer. Le cap appartenant à la Corse dite alpine, les schistes propices à l’agriculture prédominent sur le versant oriental, aux pentes moins marquées, tandis que les roches les plus dures (serpentinite, prasinite) soutiennent les reliefs abrupts de la façade occidentale. Les vallées descendant vers le rivage depuis les sommets de Serra (1322 m à la Cima de e Follicie) et la chaîne montagneuse armant la presqu’île de bout en bout forment autant d’unités de lieux et de séquences paysagères. Resté dans l’ensemble très naturel et sauvage, le cap Corse se caractérise aussi par un mode d’occupation de l’espace spécifique : historiquement, le territoire habité des Capcorsins s’est partagé entre le village, implanté en hauteur loin de la mer, et son débouché sur le littoral, la marine, simple escale à bateaux ou petit port de pêche.
« Ici, le maquis s’étend jusqu’à la mer. Rien ne les sépare. Souvent même, ils revêtent la même couleur. L’homme navigue à travers l’un et l’autre et s’y perd quelquefois.
Çà et là, le maquis s’ourle d’une marine, avec sa jetée aux couleurs d’étraves et ses maisons grises que giflent parfois les vagues et qui ruminent des rêves de haute mer. Des troupeaux de barques se serrent, encloses au bord des façades.
Au-dessus des toits, des stridences de goélands gercent des rumeurs de bêlements tout proches. Sur la grève, un homme en bleu de chauffe ravaude un filet. De la vallée parviennent les abois et les clameurs d’une battue...
Sur la côte, de loin en loin, quelque tour naufragée se tient en sentinelle.
C’est aussi le repaire du vent. Le vent et sa charrue qui ouvre des sillons sur la mer à la faire parfois se prendre pour l’océan. Qui prolonge sa houle jusque très loin sur les bruyères des collines, et transporte sur les chemins l’odeur de ses embruns. »
Aujourd’hui l’urbanisation s’étend au sud-est du cap Corse, le long du littoral depuis Bastia, et autour des marines où se développe un mitage résidentiel. Les paysages et les milieux naturels de la presqu’île restent néanmoins très largement préservés. À la pointe du cap, le Conservatoire du littoral protège un grand espace naturel de 670 hectares, au sein d’un site classé de 2 730 hectares qu’il souhaite conforter en procédant à des acquisitions complémentaires. Sur la côte ouest, presque entièrement protégée au titre de la loi de 1930 (sites inscrits ou classés), la quasi absence de pressions et d’enjeux conduit le Conservatoire à limiter ses interventions à l’acquisition de quelques petites zones naturelles. L’ensemble des eaux territoriales du cap sont inclues dans le Parc naturel marin du cap Corse et de l'Agriate. Créé en 2016, il couvre 6 830 km².
• Au nord de la Corse, s’avançant dans la mer entre Bastia à l’est et le Golfe de Saint-Florent à l’ouest, une presqu’île longue de 37 km pour une largeur de 10 à 14 km. Deux façades littorales, l’une tournée vers le continent et l’autre qui regarde la mer ouverte
• Une péninsule aux reliefs dissymétriques et aux paysages contrastés : à l’est, une côte au relief moins accusé, des vallées plus larges tournées vers la mer Tyrrhénienne, une « mer domestique, bornée à l’œil nu par l’Italie, plus humaine, plus évidemment voie de communication » (Robert Colonna d’Istria, Voyage au Cap Corse, 2004) ; sur l’autre versant de la colonne vertébrale montagneuse, un littoral plus abrupt aux vallées moins profondes face à la Méditerranée « vaste et sauvage comme un océan »
• Une pression urbaine plus forte sur la côte orientale, sous l’influence de l’agglomération bastiaise, que sur la pointe de la presqu’île et le rivage occidental, éloignés de tout centre urbain
• Des paysages qui tendent aujourd'hui à se refermer du fait du recul des activités agricoles et des incendies
• Un patrimoine historique architectural et paysager remarquable et bien conservé
• Des milieux naturels diversifiés, à fort enjeux écologiques, très largement préservés
• Six sites protégés par le Conservatoire littoral dont le grand espace naturel de la Pointe du Cap Corse, une réserve naturelle des Iles du Cap Corse et de nombreux sites classés ou inscrits au titre de la loi de 1930 ainsi que des sites d’intérêt communautaire
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