Commune(s) SAINT-LO-D'OURVILLE (50)
Surface protégée : 132.74 hectares
Unité littorale : COTE DES HAVRES
Le havre de Portbail est un petit estuaire de la Manche, ayant pour base l'embouchure de l'Olonde. La flèche sud constitue les dunes de Lindbergh. Elles font partie intégrantes du remarquable massif dunaire qui s’étire sur près de 100 Km, de la baie du Mont-Saint-Michel aux falaises du Cap de La Hague. Ce massif est entrecoupé de quelques promontoires rocheux et d’un chapelet de havres, conférant à ce littoral un profil intéressant en Europe.
Les dunes de Lindbergh et le havre de Portbail sont 2 sites distincts, cependant ces 2 milieux intimement liés, demeurent indissociables pour une gestion cohérente.
La formation du massif dunaire de Lindbergh date de la fin de la dernière période glaciaire, le Würm. La Manche ne forme alors pas une mer, mais elle est occupée par des fleuves qui sillonnent le plateau continental. Il y a 14000 ans, le réchauffement post-glaciaire (Holocène) entraîne la remontée du niveau des mers, appelée transgression flandrienne. Sous l’action de la houle et du vent, les dépôts de sable sont mobilisés et déposés en haut de plage, formant un cordon dunaire. Ce cordon se renforce par l’action de la végétation qui fixe le sable. Celui-ci s’accumule, et la dune grandit.
Le havre de Portbail s’est formé il y a 4000 ans environ : alors qu’un cordon de sable et de galets avait isolé une vaste zone marécageuse déjà fréquentée par des troupeaux, les attaques de la mer ont percé ce cordon. La mer a alors pu pénétrer à l’intérieur de la zone marécageuse, donnant naissance au havre. L’estuaire ainsi formé a par la suite été entretenu par l’action conjuguée des marées et des cours d’eau se jetant dans le havre.
La mise à jour d’estrans fossiles, suite à l’érosion intensive de la partie nord des dunes de Lindbergh, a permis de dater la forme actuelle du massif au XVIIIe siècle.
La présence de dépressions humides (mares) en milieu dunaire, s’explique par l’action du vent, qui va évacuer les matériaux fins et va générer un affleurement de la nappe d’eau souterraine.
FAUNE
Sur le plan ornithologique, le havre joue un rôle extrêmement important pour nombre d'espèces : c'est à la fois un lieu de repos et une zone d'alimentation. Les hirondelles de rivage représentent le principal intérêt ornithologique du site, en limite du havre, avec le tadorne de Belon et le traquet motteux.
La plage et le havre de Portbail abritent des hivernants dont les représentants les plus caractéristiques sont la bernache cravant, l’huîtrier-pie, le pluvier argenté, le grand gravelot, le tournepierre à collier, le courlis cendré, la barge rousse, le chevalier gambette, le bécasseau sanderling et le bécasseau variable.
A l’échelle des dunes de la côte ouest du Cotentin, le site de Lindbergh, surtout les mares, présentent une riche diversité d’amphibiens et batraciens. Onze espèces d’amphibiens y ont été répertoriées : le crapaud accoucheur, le crapaud calamite, la grenouille verte, le pélodyte ponctué, la rainette arboricole verte, le triton crêté, le triton ponctué, le triton palmé, le triton marbré, la salamandre tâchetée, et le triton de Blasius qui est un hybride des tritons crêté et marbré.
Aussi, de nombreux papillons fréquentent les dunes. Il convient de mentionner la présence du grand nacré qui est une espèce rare dans la Manche.
FLORE
Du point de vue de la botanique, l’intérêt principal des dunes réside dans l’étendue et la diversité du massif dunaire. Il est constitué de nombreux milieux, du haut de plage jusqu’aux boisements vers le continent, en passant par :
- la dune embryonnaire avec l’élyme des sables, plante bénéficiant d’une protection nationale.
- la dune mobile avec l’oyat et le panicaut de mer,
- la dune grise qui se présentent sous la forme de dunes fixées, stabilisées et colonisées par des pelouses à fétuque ovine, à koelérie blanchâtre, par d’abondants tapis de bryophytes à tortule ruraliforme et par du lichen. Dans ce type de dune, on remarquera aussi la présence du rosier pimprenelle, de l'euphorbe de Portland, du gaillet jaune, de la petite pimprenelle, du pavot cornu, de la pensée naine, de l’hutchinsie des pierres, de l’armérie des sables, de l’avoine pubescente, de la buplèvre des dunes, du thésion couché, de l’ophrys araignée, de l'orchis pyramidal, de l’orchis bouc et de la sagine noueuse.
- Les dépressions humides, c'est-à-dire les mares, abritent également tout un cortège d’espèces telles que le saule rampant, le choin noircissant, la laîche noire, la laîche à trois nervuresqui est une plante protégée en Basse-Normandie, la germandrée des marais, la langue de serpentet la pyrole des dunes.
- La strate plus arbustive, dans les secteurs abrités du vent, à une certaine distance de la mer. Il s’agit des zones situées au sud-est du massif, offrant alors au regard un paysage très différent de la partie nord-ouest.
Le site fait partie des sites d’intervention du Conservatoire du littoral. Les terrains acquis sont remis en gestion au Syndicat mixte des espaces littoraux de la Manche (SyMEL). Un garde du littoral est affecté à ce site. Il a en charge le gardiennage, l'entretien et le suivi scientifique, ainsi que les relations avec les usagers locaux. (http://www.symel.fr/)
Le site des dunes de Lindbergh dispose de mesure de préservation depuis 2001, date à laquelle a été rédigé le 1er plan de gestion. Il s’agit d’un document cadre, un guide, donnant les orientations d’aménagements et de gestion pour protéger ce site naturel. L'objectif de gestion de ce site est de conserver un massif dunaire dynamique et diversifié favorisant l’installation d’une biodiversité riche, par la mise en œuvre d’une gestion active et adaptée.
Une partie des terrains sont entretenus par du pâturage bovin biologique et équin. Un cahier des charges régit les pratiques de ce pâturage avec l’éleveur.
Aussi, le site est aussi inclus dans le périmètre de la zone écologique d’intérêt européen au titre de Natura 2000 s’intitulant «Littoral ouest du Cotentin, de Saint-Germain-sur-Ay au Rozel ». (http://littoral-normand.n2000.fr/).
La dune de Lindbergh doit son nom à un aviateur américain célèbre, Charles Lindbergh, qui fut le premier à traverser l’Atlantique nord sans escale les 20 et 21 Mai 1927, entre New York et Paris. Le pilote du Spirit of Saint-Louis était alors considéré comme un héros, réussissant cette traversée.
Avant la date d’acquisition par le Conservatoire du littoral, en 1985, ce site a longtemps été le siège d’activités lui portant préjudice, tel que la pratique du camping-caravaning, des sports tout terrain, avec véhicules motorisés. Un arrêté communal datant du 28 février 1980, interdisait pourtant la circulation des véhicules à moteurs sur le massif dunaire de Lindbergh. A partir de 1984, la pose d’une barrière, d’une clôture en fil lisse le long de la route et de ganivelles sur les secteurs abîmés, a petit à petit mis fin à ces pratiques. Les ganivelles forment une petite palissade en bois de châtaigner disposée sur le littoral sableux, qui sert à piéger le sable pour reconstituer les dunes.
Aussi, d’importantes extractions de sable ont eu lieu entre 1979 et 1984 dans la partie sud du havre de Portbail. Environ 300 000 m3 de sédiments ont été prélevés durant cette période, notamment lors de la construction de la centrale nucléaire de Flamanville. Ce sont ces prélèvements qui sont à l’origine du bilan sédimentaire négatif. Ce bilan négatif explique l’absence d’accroissement de la surface du schorre (ou prés salés), en effet, l’élévation des fonds sédimentaires permettant son développement n’est pas suffisante.
Cependant, le bilan sédimentaire actuel est positif, (évalué à 30500 m3/an). Ainsi, les prévisions concernant le havre de Portbail sont un colmatage du havre se traduisant à la fois par une évolution positive des surfaces de schorre, et par une réduction de la largeur de l’embouchure. En outre, tous les ans sont réalisés des dragages au niveau du chenal et du port pour permettre l’accès aux bateaux.