CAP DE LA HOUSSAYE

Carte d'identité du site

Commune(s) SAINT PAUL (974)

Surface protégée : 193.89 hectares

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Le site du Cap la Houssaye présente des qualités paysagères exceptionnelles avec ses falaises et ses savanes sèches. Le long des rivages, le site est bordé par des falaises de basalte entrecoupées de ravines à travers lesquelles chemine la route du littoral.

Les falaises sont dominées par une vaste savane. L’œil glisse à perte de vue sur les herbes ondulantes au gré du vent. Selon la saison, leurs teintes passent du vert au rouille, parsemées d’éperons de basalte noir et la silhouette de quelques arbres rachitiques.

Flore

Extrait de « Les savanes du littoral sous le vent : configuration, dynamique et enjeux d’un paysage en sursis » ; recherche effectuée sous la direction de Serge Briffaud et Alexandre Moisset, CEPAGE, 2002, Conservatoire du littoral.

« Les savanes sont caractéristiques des formations de basse altitude situées sur la côte sous le vent Leur substrat rocheux présente, dans l'ensemble, des caractéristiques très limitantes pour la végétation :

- des roches dures, fraction fine et argileuse peu ou pas du tout représentée,

- une forte acidité moyenne, surtout les versants chaotiques (blocs, parois, ravines) ;

- des sols minces, pauvres, discontinus, caractères parfois aggravés par l'exploitation agricole qui les a rendus plus sensibles à l'érosion ;

- les systèmes de pentes — pentes moyennes, fortes, phénomènes de parois ou de falaises — s'opposant à des planèzes à lente évolution, voire à quelques replats qui vont jouer un rôle relativement important dans la localisation des faciès végétaux de savane.

Les savanes jouent par ailleurs un rôle de marqueur de saison que n’assume mieux aucun autre milieu réunionnais .Durant la plus grande partie de la période sèche, c'est-à-dire l'essentiel de l'année (d'avril à septembre), le paysage des savanes affecte une teinte jaunâtre, associée parfois à des plages blancs-grisâtres et rousses. Ces nuances de couleurs renvoient à la fois à la nature de la couverture graminéenne et aux aléas du passage du feu. La couleur jaunâtre est caractéristique des savanes à Heteropogon contortus (le "Piquant jaune" des Réunionnais), quand les terrains ont été écobués dans l'année. Les tons plombés approchant du blanc ou du gris correspondent aux pâturages très dégradés envahis par Aristida depressa ("Piquant blanc") ou, d'une façon générale, aux zones non brûlées dans lesquelles subsistent des chaumes anciens et asséchés. La couleur rousse signale, quant à elle, la présence de Themeda quadrivalvis ("Piquant rouge"), même si une savane à Heteropogon vue à contre-jour peut revêtir un aspect similaire. Il arrive enfin que subsistent, jusque tard dans la saison sèche, au coeur de ces étendues graminéennes arides, de petites plages verdâtres qui contrastent avec ces couleurs dominantes. Il s'agit alors d'îlots formés par le Panicum maximum (l'"Herbe fataque"), grande graminée caractéristique des terres agricoles enfrichées, mais que l'on trouve quelquefois sur les grandes savanes pastorales, dans l'environnement immédiat de certains arbres.

A la fin de la saison sèche, après les mises à feu, les basses pentes sont dominées par de grandes étendues de terres noircies, ponctuées par des plages de graminées asséchées, que les brûlis ont contournées. Les espaces sur lesquels s'étendent des fourrés denses de mimosées caducifoliées (Dicrostachys cinerea, Leucaena glauca) offrent alors le spectacle de vastes landes désolées, dont la couleur uniformément grisâtre se détache sur la noirceur des savanes brûlées.

L'impression d'aridité et de grande pauvreté que renvoie ce milieu des basses pentes culmine autour du mois d'octobre, à la veille des premières pluies. Quand celles-ci surviennent, le reverdissement presque subit des savanes apparaît comme la plus spectaculaire des manifestations sensibles de l'avènement de la saison humide. Souvent clairsemées dans les plages où le sol est à nu, les jeunes pousses de graminées apparaissent plus vigoureuses et plus denses autour des arbres et des arbustes, dans le giron des blocs parsemant le terrain, ou dans les étroits bassins que l'érosion a creusés sur les pentes. Elles trouvent là une humidité plus résistante et un sol parfois plus épais, préservé du lessivage qui emporte au fil de la pente l'humus et les graines contenues dans la couche la plus superficielle du terrain. C'est à ce moment que les paysages de savane offrent leurs plus forts contrastes, quand le vert dense des jeunes pousses vient s'associer au gris plombé des chaumes non brûlés. »

« Nous assistons ainsi aujourd'hui à la rencontre de deux processus simultanés. Un processus de "dé-savanisation" d'une part, lié aux pressions de toutes sortes qui s'exercent sur l'espace des basses pentes. Un processus d'enfrichement des savanes, d'autre part, l'entretien de ces dernières n'étant parfois plus assuré par les éleveurs et leur troupeau. Cet enfrichement se traduit par la prolifération de certaines espèces qui, comme le Dicrostachys, voient se multiplier leur foyer de propagation. Là où l'élevage de savane reste relativement vivant, la lutte contre cet envahissement devient de plus en plus difficile, l'écobuage devenant, avec l'expansion urbaine et celle des cultures, une pratique de plus en plus sujette à être dénoncée et combattue par les autorités.

C'est cet ensemble lié de phénomènes, qui conduit, aujourd'hui, à la disparition des savanes pastorales du littoral sous le vent. »

Si la partie de savane protégée par le Conservatoire du littoral est désormais soustraite à l’une de ses principales menaces au titre de l’urbanisation, la menace de l’enfrichement par des espèces exotiques arbustives reste bien réelle.

Une réflexion est en cours afin d’évaluer la faisabilité des méthodes de contrôle classiques (manuel ou mécanique).

Le site du cap La Houssaye tire son nom de M. Guillaume La Houssaye, capitaine de marine breton qui effectua entre 1689 et 1712 6 navigations dans l’océan indien dont 5 avec escale à La Réunion. Sa capacité de médiation pour résoudre les difficultés entre colons ou avec la Compagnie des Indes en fit un personnage très apprécié de la fin du XVIIème siècle. Un gouverneur de l’île baptisa le cap de son nom quelques décennies plus tard afin de rendre hommage à son action.

Extrait de « Les savanes du littoral sous le vent : configuration, dynamique et enjeux d’un paysage en sursis » ; recherche effectuée sous la direction de Serge Briffaud et Alexandre Moisset, CEPAGE, 2002, Conservatoire du littoral.

« À la fin du XVII° siècle et au début du siècle suivant, les navigateurs et représentants en mission qui évoquent les paysages du bas versant, entre la Possession et Saint-Louis, insistent sur l'aridité et la stérilité qui s'en dégagent. Le commandant Guillaume Houssaye affirme ainsi, en 1689, que «de Saint-Gilles à l'Etang-Salé, tout ce pays est brûlé et n'est presque que roche où il ne croît rien du tout que des arbres de benjoin et de latanier dont les cabris vivent».

Cette partie basse du versant sous le vent, proche des toutes premières implantations humaines est le premier espace à avoir été défriché et mis en valeur, dans le contexte, d'abord, d'une économie agro-pastorale de subsistance. «Nous pouvons estimer peuplée et mise en valeur au début du XVIII° siècle, écrit Defos du Rau, une bande côtière allant de la Rivière Saint-Gilles à la Rivière du Mât et ne s'élevant très probablement pas à plus de 200 à 300 mètres» 13. De cette exploitation agricole ancienne du bas versant témoignent aujourd'hui les nombreuses traces, visibles sur le terrain, de terrassements et, surtout, d'épierrements.

Ni la proximité de cet espace, au voisinage des secteurs les plus densément peuplés de l'île, ni sa remarquable propriété de marqueur de temps ne semblent pourtant suffire, en apparence, à nourrir un véritable attachement des Réunionnais au paysage des savanes. Pour la plupart, la savane est une "friche", un espace délaissé, inutile, perdu. Ce rejet, voire cette occultation, à son reflet dans l'absence de véritable valorisation touristique d'un paysage qui n'est pas objectivé comme tel.

Seul le Cap La Houssaye a aujourd'hui droit à une représentation en carte postale, mais — et c'est remarquable — seulement quand la saison des pluies le transforme en un "green" verdoyant.

On peut cependant observer, dans le même ordre d'idée, que le rapport vécu des Réunionnais à la savane contraste avec le discours le plus fréquemment tenu à son sujet. La savane est en effet, d'une façon générale, un espace plus fréquentée qu'on ne pourrait le croire. Elle est traversée, sur des chemins presque toujours en bon état, par de nombreux piétons qui circulent, hors des voies routières, entre les pôles urbains du rivage et ceux des 400 m. Les "chemins-savanes" relient par ailleurs les habitations entre elles, par des raccourcis qui matérialisent, autour des quartiers anciens de cases, de véritables réseaux de sociabilité. La savane est également fréquentée comme un espace de loisir par les populations qui vivent à proximité. C'est en particulier le cas au Cap La Houssaye, où les jeunes et moins jeunes de Plateau Caillou, de Fleurimont et de l'Eperon viennent profiter de cet espace libre pour courir, jouer au football, ou simplement se promener et se réunir entre amis le soir venu. Des sorties naturalistes sont enfin organisées sur les savanes par les établissements scolaires, qui tirent parti de la proximité immédiate de ces espaces (de telles excursions sont par exemple proposées sur la savane du Cap La Houssaye par l'école primaire de Plateau Caillou).

Il existe donc un contraste assez marqué entre le vécu et le perçu des savanes, sans doute, pour une large part, parce que ceux qui formulent des représentations de cet espace ne sont précisément pas ceux qui entretiennent avec lui une véritable intimité sur le plan du vécu. »

Ces espaces sont vivants et fragiles, merci de respecter la réglementation et d'adopter un comportement respectueux des paysages, de la flore, de la faune et de la tranquillité des lieux. Ne laissez aucune trace de votre passage. Sur les terrains du Conservatoire du littoral, le camping, le bivouac, les feux, les dépôts de déchets et la circulation des véhicules à moteur sont interdits.

Pour de plus amples informations, vous pouvez contacter :

Conservatoire du littoral Délégation DOM Antenne Océan Indien 14, rue de Crémont – 97400 Saint-Denis Tél. 02 62 23 59 61 ocean-indien@conservatoire-du-littoral.fr

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