CAPU ROSSU

Carte d'identité du site

La pointe de Capu Rossu qui s’avance en mer loin vers l’ouest ferme au sud le golfe de Porto : c’est l’entrée sud des Calanche de Piana (le mot calanche avec sa terminaison en "e" est un pluriel en langue corse, il ne prend donc pas de "s"). Cette presqu’île vertigineuse est le prolongement géologique d’une longue cascade de crêtes granitiques qui plonge vers la Méditerranée depuis Capu a u Tozzu, sommet de l’arrière-pays montagneux : sa morphologie traduit une puissance toute minérale. Le cap présente un dimorphisme géologique très caractéristique dans le paysage : côté nord, le relief abrupt et minéral du granite rouge balayés par le vent et les embruns qui plonge dans la mer par des falaise vertigineuses, côté sud des pentes plus douces sur des roches plus tendres jadis cultivées et bien exposées aujourd’hui couvertes de maquis.

Couronné par la tour de Turghju, construite au bord d’un à-pic de 331 mètres, Capu Rossu est un promontoire fabuleux, l’une des plus hautes falaises maritimes d’Europe, offrant des vues inoubliables sur les paysages incandescents, dans la lumière du soir, des Calanche de Piana et de Scandula, et vers l’est jusqu’à la dent du Paglia Orba et la cime du Monte Cintu.

Ce grand site du Conservatoire est protégé depuis 1980.

Habitats et Flore

Les anciennes terrasses agricoles, aujourd'hui fréquentées par quelques vaches et des chèvres, sont couvertes d’immortelles et de cistes. Romarins, myrtes et lentisques forment un maquis odorant qui gagne du terrain et efface progressivement les traces des aménagements agricoles. Dans les vallons du versant nord, chênes verts et frênes côtoient l’arbousier. Sur le versant sud les oliviers marquent la limite des anciennes parcelles, où l’on trouve parfois encore quelques pieds de vigne ensauvagée. Sur la pointe rocheuse dénudée, quelques plantes protégées savent survivre aux conditions difficiles, vent, embrun, soleil, sel : l’armérie de Soleirol aux petites fleurs roses ou blanches en boules, l’érodium de Corse, petit géranium rose et le blanc œillet de Madame Gysperger, endémique localisée au site et au calanche de Piana où il ne pousse que sur le granite rouge.

Faune

Les falaises de Capu Rossu abritent des nids de balbuzard pêcheur, ce grand rapace au plumage noir et blanc, qui a failli disparaître de Corse, décimé par l’homme. Il partage les falaises avec le grand corbeau à la silhouette toute noire, le martinet pâle et le martinet à ventre blanc qui semblent ne jamais cesser de voler, même pour dormir, et le faucon pèlerin à l’œil perçant cerné de jaune. L’engoulevent d’Europe fait ses nids au sol, dans le maquis. Les milieux rocheux accueillent notamment deux reptiles, l’algyroide de Fitzinger, minuscule lézard endémique aux écailles cuivrées et le phyllodactyle d’Europe, petit gecko aux grands yeux noirs qui passe ses journées au cœur des rochers et ne sort que la nuit pour manger des insectes nocturnes.

ZNIEFF Capu Rossu

Site Natura 2000 de Capu Rossu, Scandula, Revellata, Calvi

Protégé pour partie par le Département de Corse en 1973, puis par le Conservatoire du littoral qui acquière progressivement des terrains depuis 1980, le site de Capu Rossu est géré par la Collectivité de Corse. La pression touristique devient aujourd’hui très forte sur ce site autrefois peu accessible. Il fait partie du site classé du golfe de Porto, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, en zone de protection spéciale et en zone spéciale de conservation au titre des directives européennes oiseaux et habitats.

Capu Rossu est un dôme de granite rouge né d’une activité magmatique vieille de 300 millions d’années, puis d’une activité tectonique qui remonte à l'époque où sous l'effet de la subduction des plaques africaine et européenne, des terres se sont détachées de la "Béthique" (Ibérie) pour former les Iles Baléares, les deux Kabilies, le bloc corso-sarde et la Calabre.

Bâtie en 1608, en ce début du XVIIe siècle qui voit la fin d'un siècle d’édification des tours génoises de la Corse, la tour de Turghju communiquait avec trois autres tours, Orchinu, Omigna et Paomia (aujourd’hui Cargèse) : ainsi ce territoire était nommé « Terre des Quatre Tours ». C’est en 1604 qu’Anton Giovanni Sarrola, notable du sud de la Corse, orateur du « Delà des Monts », est nommé pour l’édification des quatre tours, alors que le littoral est soumis aux razzias récurrentes des Barbaresques. Le four à chaux, utilisé pendant la construction de la tour, a récemment mis à jour au sud de la presqu’île face au petit écueil de Palu.

Des trouées dans le maquis laissent voir par endroits d’anciennes terrasses agricoles encore cultivées d’orge et de blé au début du XXe siècle. Les « aghje », aires de battage du blé, murets, oliveraies, fontaines et maisonnettes en pierre sèche témoignent de cette histoire agricole qui date essentiellement du XIXe siècle : pas moins de 17 maisonnettes servaient, selon les époques et les familles, à loger pendant les travaux agricole, à entreposer la paille et le grain, à s’occuper des troupeaux de chèvres ou de brebis, traite et fabrication du fromage (u casgiu) et du brocciu, fromage issu du caillage à chaud du petit-lait après la fabrication du fromage. Le brocciu de chèvre de Piana est le plus réputé de Corse.

Tel une oasis, une fontaine irrigue un grand jardin enclos de hauts murs récemment restaurés. Vignes, arbres fruitiers et légumes y étaient cultivés.

Au sud, le site du Conservatoire touche la plage d’Arone où le sous-marin Casabianca effectua des débarquements d’armes et d’hommes pour la résistance corse, en 1942, après s’être échappé de la rade de Toulon où la Marine française s’était sabordée devant l’arrivée des Nazis dans la zone non occupée.

À partir de la route au départ de Piana en direction de la plage d’Arone, on accède à un sur un sentier suspendu pavé, longé par de longs murs en pierre sèche, qui mène au bout de la pointe, au pied de la tour de Turghju ou il conduit par un sentier en lacet au milieu de la roche rouge. Il est complété d’une petite boucle qui touche presque la mer et permet de découvrir le four à chaux et les petites constructions rurales. Ce sentier très escarpé présente un dénivelé important pour un sentier littoral : c’est une randonnée remarquable dans le golfe de Portu qui offre une vue exceptionnelle sur le site classé Patrimoine Mondial de l’Unesco.

Temps de parcours depuis le parking :

Tour de Turghju : 1h45; retour par le littoral: 2h05. Attention le dernier tronçon de la montée vers la tour est très raide, compter 40 minutes d'ascension.

Réglementation sur les terrains du Conservatoire du littoral : le camping, le bivouac, les feux, les dépôts de déchets et la circulation des véhicules à moteur sont interdits.

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