ETANG DU DOUL

Carte d'identité du site

Le site de l’étang du Doul, sur la commune de Peyriac-de-Mer, est un site naturel au paysage exceptionnel. Il est composé de 2 lagunes : la saline (ancien site de production du sel) et l’étang du Doul, dont l’hyperhalinité (salinité deux fois supérieure à celle de la mer), très spécifique, a motivé l’acquisition par le Cdl en 1979 via une DUP (Déclaration d’Utilité Publique). Les deux lagunes sont entourées de collines qui offrent des points de vue remarquables des Corbières maritimes à l’étang de Bages-Sigean jusqu’à la mer. Le site est presqu’au cœur du village de Peyriac et la promenade de la saline par son sentier de planches constitue un lieu de promenade très prisé au cœur du Parc Naturel Régional de la Narbonnaise.

La saline, située à l’extrémité Ouest du site, est une entité entièrement façonnée par les activités de saliculture. Elle est devenue aujourd’hui une lagune de faible profondeur entrecoupée des vestiges hydrauliques de l’exploitation salicole : digues, îlots, petits bâtiments.

L’étang du Doul, d’une superficie de 37 hectares, est d’origine tectonique et représente à la fois le point le plus profond du complexe lagunaire du Narbonnais mais aussi l’étang le plus salé des étangs méditerranéens français. Cette dépression naturelle est entourée par un cirque de collines (Roc de Berrière, pic du Mour) dont le point culminant est à 74 mètres, offrant une diversité et des paysages exceptionnels.



En 2016, l'actualisation de la cartographie des habitats naturels des sites Natura 2000 « (Zone Spéciale de Conservation) Complexe lagunaire de Bages-Sigean – FR 9101440 » et « (Zone de Protection Spéciale) Étang du Narbonnais – FR 9112007 » a identifié 6 grands types d'habitats naturels, sans lesquels ont trouvrent 7 habitats d'intérêts communautaires.

Prés salés méditerranéens (Juncetalia maritimi)

Parcours substeppiques de graminées et annuelles du Thero-Brachypodietea

Lagunes méditerranéennes

Laisses de mer des côtes méditerranéennes

Fourrés halophiles méditerranéens

Ourlets méditerranéens mésothermes à Brachypode rameux de Provence et des Alpes-Maritimes

Galeries riveraines à Tamaris

Flore

Parmi les 20 espèces de plantes vasculaires, 10 sont présentes sur les habitats littoraux et halophiles (prés salés, fourrés halophiles, laisses de mer). Ces habitats recouvrent 107 hectares du site et ont un rôle majeur dans la conservation de la flore.

L'Orobranche penchée présent dans ces habitats est une espèce à très fort enjeu, c'est une espèce très rare, récemment apparue sur le site. Cette plante est endémique du bassin méditerranéen.

Au sein des lagunes du site, 2 espèces inféodés aux lagunes sont présentes : Zostera noltii et Zostera marina. Ces deux espèces ont un enjeu fort sur le site.

Dans l'habitat des landes, fruticées et des prairies (Fourrés caducifoliés, fourrés halophiles, matorral à Pin, garrigues...), 8 espèces patrimoniales sont présentes dont deux ont un enjeu très fort de conservation pour le site : Orobanche de la santoline et l'Euphorbe à tête jaune d'or.

Faune

L'étang du Doul et la saline sont situées en plein couloir de migration et offrent des zones de refuges et de reproduction importantes pour l'avifaune. Entre 2012 et 2018, 98 espèces d'oiseaux ont été recensées sur les sites de la Saline, du Doul et de l'île de Planasse, dont 28 espèces nicheuses (comme l'Alouette lulu, le chardonneret élégant et le gravelot à collier interrompu...).

Ont été recensés des amphibiens (crapaud calamite, crapaud épineux, rainette méridionale), et des reptiles (lézard occelé, Psammodrome algire). Parmi les 39 papillons diurnes contactés, on trouve la Proserpine qui utilise l'Aristoloche pistoloche comme hôte.

La gestion a été confiée par convention à la commune de Peyriac-de-Mer et au Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée.

Le Plan de gestion du site est en cours d’actualisation.

Un des objectifs de gestion du site est bien sûr de conserver le caractère hyperhalin exceptionnel du Doul avec un maintien de la salinité entre 50 et 60 g/l. Pour conserver cet équilibre, des opérations de restauration des ouvrages hydrauliques sont nécessaires : curage des roubines (canaux), restauration des martellières et des vannes.... Il faut également continuer à faire jouer aux vannes leur rôle en les ouvrant et les fermant selon un protocole précis.

La vocation sociale et touristique du site reste importante mais des mesures de gestion doivent désormais permettre de maintenir cette vocation en préservant les richesses naturelles et paysagères du site.

Le tracé des salins de Peyriac remonte au 16ème, la création de la « grande passière », digue entre l’étang de Bages-Sigean et la saline, est datée de 1534. Mais l’exploitation salinière est très probablement antérieure. En l’An mil, sont connus les exploitations salicoles des terres au nord de Narbonne. Au XIV° siècle, à la suite d’importantes crues de l’Aude dont les alluvions ont colmaté plusieurs de ces salines les rendant inexploitables, de nouveau salins sont exploités au sud de la ville, dont celui de Peyriac.

L’exploitation salinière à Peyriac, qui durera pendant plus de cinq siècles, est assurée d’abord par chaque « patron » de parties de salins puis par la Société (ou Compagnie) des Salins créée en 1603 et regroupant l’ensemble des propriétaires de Narbonne. C’est une source importante d’emplois pour les Peyriacois : les hommes y travaillent en tant que sauniers ou travailleurs saisonniers, tandis que les femmes et les enfants sont embauchés pour assurer le nettoyage du sel ou confectionner les sacs en toile de jute nécessaires à son transport.

D’après différentes sources, on peut supposer le fonctionnement suivant : le sel récolté est d’abord stocké dans un entrepôt dans le village puis plus tard sur les deux paussadous (les quais) créés au 17ème siècle. Il est ensuite chargé sur des bateaux à fond plat et transporté jusqu’aux greniers à sel de Narbonne via un canal qui traversait le salin.

En 1969, l’exploitation salinière considérée comme l’un des plus anciens salins languedociens cesse et la CS est absorbée par la Compagnie des Salins du Midi.

Aujourd’hui, quelques éléments rappellent encore cette exploitation : reliquats de digues, anciens ouvrages hydrauliques et patrimoine bâti (cabanes des douaniers). Ces traces font intégralement partie de l’identité du site, elles lui confèrent une dimension culturelle et paysagère particulières et conditionnent toujours la gestion hydraulique du site.

En 1971, la Compagnie des Salins du Midi vend le site à la Société d’Aménagement du Port de Peyriac-de-Mer. Parallèlement les études réalisées par Henri Boutière (1969) concluent à la nécessité de protéger le Doul (lagune hyperhaline) et le canal qui le relie à l’étang de Peyriac. Sur cette base, le Conservatoire du littoral acquiert en 1979 l’étang du Doul et ses pourtours dans le cadre d’une Déclaration d’Utilité Publique (arrêté préfectoral du 5/7/1978), mais sans le canal d’alimentation. L’impossibilité de gestion des arrivées d’eau entrainera plusieurs problèmes : augmentation de salinité du Doul trop importante, impact négatif de cette salinité sur les vignes voisines….

Dans les années 1980, la Société d’Aménagement du Port de Peyriac-de-Mer engage un projet d’aménagement touristique sur la saline et ses berges comprenant : aquaculture, bâtiments d’exploitation, station thermale, hôtellerie. Ce projet sera complété par un port de plaisance et une marina dans la saline avec création d’un chenal de 40 mètres dans la grande passière.

Le Conseil Municipal de Peyriac refuisse de rendre la saline constructible et le Conservatoire du littoral acquiert en 1987, la Saline, ses berges et le chenal d’alimentation de l’étang du Doul (sous DUP – arrêté préfectoral du 5/7/1983).

L’acte de vente comporte une clause interdisant toute activité salinière pendant 99 ans.


Renseignements et visites guidées :

Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée

1 rue Jean Cocteau

11130 Sigean

Tel : 04.68.42.23.70

Les gestionnaires

PNR Narbonnaise Peyriac de mer

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