LES CAVALIERS

Le lieudit « Les Cavaliers » se trouve sur la rive gauche du grand canyon, au cœur des gorges, sur la commune d’Aiguines, entre la limite du camp militaire de Canjuers et les falaises du Grand canyon. La ferme-hameau des Cavaliers se situe en limite nord du « Petit Plan » de Canjuers qui constitue une grande plaine herbeuse sèche, dans laquelle l’eau s’infiltre. La concentration des eaux dans le sous-sol karstique donne lieu à des résurgences à des kilomètres à la ronde, dont la plus connue est Fontaine l’Evêque, aujourd’hui immergée dans le lac de Sainte-Croix (au large du site de Sulagran).

La ferme des Cavaliers a été amputée de la majeure partie de ses parcours pastoraux lors de la création du camp militaire de Canjuers à la fin des années 70, donnant lieu à l’abandon de l’élevage au profit de l’apiculture. La ferme est entourée d’une prairie maigre, le reste des terres du hameau étant constitué de landes à buis et à genêts, ponctuées par quelques bosquets de chênes pubescents..

La propriété atteint ses limites en bordant les falaises du grand canyon du Verdon.

Le site des Cavaliers se trouve dans un col entre le versant du Margès et la Tête du Fayet, au pied du versant du Grand Margés. Le calcaire affleure en « lapiaz » (roche irrégulièrement dissoute par des phénomènes chimiques). Le sol ne se développe que très lentement. Les dolines sont des cuvettes issues d’effondrements de cavités qui se remplissent très lentement d’éléments minéraux dissous et d’éléments organiques provenant de la décomposition de la végétation alentour. La mosaïque de dolines herbacées contribue à la diversité des milieux majoritairement dominés par les landes à buis ou à genêts en soubassements de chênes pubescents, plus ou moins épars. Ces milieux sont extrêmement secs, favorables aux insectes et reptiles. Cette mosaïque offre un terrain de chasse favorables aux grand rapaces des gorges.

La ferme des Cavaliers a été réhabilitée pour conserver la mémoire de l’architecture du bâti dans Canjuers, dont elle représente un des derniers exemples de ferme-hameau. Les pâturages sont devenus insuffisants pour installer un nouvel élevage, et ils sont confiés à un éleveur transhumant pour des parcours d’intersaison (voir Campagne de la Grande forêt). Le potentiel agronomique ne permet pas d’autres activités agricoles exercées à titre principal.

Au cœur du site classé des gorges du Verdon, dans le Parc naturel régional du Verdon, le site des Cavaliers est par ailleurs l’une des entrées pédestres possibles pour s’immerger dans le Grand Canyon. Se trouvant à la confluence de deux GR, et prochainement sur un itinéraire de GR de Pays de tour des gorges, la réhabilitation de la ferme des Cavaliers a été prévue en gîte d’étape afin d’accompagner les politiques locales œuvrant en faveur du développement de l’itinérance douce. Cet investissement a été rendu possible grâce au soutien du Plan de relance et à la Région PACA.

Aujourd’hui, l’eau potable est fournie grâce à un captage de source dans le versant. Son tarissement en milieu d’été et jusqu’au milieu de l’automne rend nécessaire une gestion très rigoureuse de la consommation en eau par les usagers.

L’origine de l’occupation par l’homme de ce plateau est inconnue, mais une présence préhistorique dans le canyon à proximité est avérée. L’arrivée dans la ferme de l’ancêtre du dernier propriétaire de la ferme remonte à 1710. Les dates affichées au-dessus des portes démontrent une restructuration du bâti intense dans le courant du XIXe siècle. Au début des années 1930, le Département du Var construit la route départementale dénommée « corniche sublime » (RD71), dans un but touristique. Cette route à flanc de falaises est inaugurée après la guerre, en 1947. Jusqu’à la création du camp militaire de Canjuers, les axes de communication traversaient le Petit et le Grand Plan de Canjuers, en reliant les fermes des plateaux au village d’Aiguines. A compter de la création du camp militaire, la ferme des Cavaliers s’est vu amputée de la majeure partie de ses terres et s’est retrouvée physiquement plus isolée des villages alentour.

L’architecture est caractéristique de l’habitat provençale et de causses arides, avec des extensions latérales plutôt que verticales pour augmenter la surface des toitures. Ces dernières servaient à collecter des eaux de pluie, alors dirigées vers de grosses citernes enterrées. Dans la ferme des Cavaliers, la citerne historique de 40 m3 est intégrée dans le bâtiment principal, à la faveur d’une extension du bâti primaire prolongeant la toiture est. Une citerne en ciment de 90 m3, à l’entrée du hameau bâti, a été construite à l’explosif lors des travaux d’ouverture de la route, en accord avec le propriétaire, pour alimenter en eau les besoin du chantier et des ouvriers, concomitamment à une extension de bergerie, pour collecter les eaux des toitures nord.