Les cheminées, l’architecture, les odeurs des raffineries et des usines pétrochimiques… Autant de représentations puissantes qui viennent à l’esprit au moment d’évoquer l’étang de Berre, cette vaste mer intérieure formée au Quaternaire et reliée à la Méditerranée par l’étroit chenal de Coronte entre Martigues et Port-de-Bouc. Héritier des grands gestes d’aménagements étatiques des années 1960, ce paysage industrialisé s’accompagne de son lot de grandes infrastructures portuaires, aéroportuaires, ferroviaires et autoroutières, organisées en un faisceau parfois difficilement franchissable. Pourtant, l’étang de Berre est plus que cela. Dans les espaces de lagune dignes de la Camargue voisine viennent nicher et se reposer des millions d’oiseaux, paissent des vaches et des moutons, frayent des anguilles et des dorades. Sur les plateaux qui le surplombent, pins d’Alep, chênes verts et garrigue composent des paysages de forêt admirables. Sur les contreforts, vignes et oliviers font perdurer les paysages agricoles méditerranéens. Ce sont ces espaces que le Conservatoire du littoral s’emploie à préserver, entretenir et réhabiliter, contribuant ainsi à complexifier et à renouveler les représentations de l’un des plus grands espaces lacustres de la Méditerranée.
« La première beauté de mon Martigues, c’est l’étang de Berre, qui, le matin, blanchit et qui le soir s’azure, quand je regarde de ma maison ; l’Étang qui, de ses mille langues vertes, lèche amoureusement le sable des calanques et ronge les rochers où l’on pêche le rouget. La seconde, c’est le canal de Caronte, qui le rejoint à la grand’mer. Les tartanes et les autres barques y font gonfler leurs larges voiles aux angelots joufflus. La troisième, ce sont nos collines nues, qui se gonflent comme mamelles et qu’embaume l’arôme chaud des thyms, des fenouils, des romarins et des sarriettes. La quatrième, ses champs de pierre plantés d’oliviers, où vient l’odeur du sel, dans la brise (...) »
L’urbanisation s’est développée autour de l’étang de Berre de manière très importante, faisant disparaître de nombreux espaces naturels ou agricoles. Le phénomène est particulièrement sensible à l’est, sur le plateau de Vitrolles, et à l’arrière de l’étang de Bolmon où ont été logées la plupart des populations employées par les industries pétrochimiques qui ont colonisé les rives au sud de l’étang à partir des années 1960. Cette urbanisation a ensuite gagné le nord et essaimé le long des axes routiers, notamment à l’est vers l’agglomération aixoise. Parallèlement, le Conservatoire du littoral a acquis et protégé de grands espaces naturels ou, pour certains, en passe de le redevenir (lagunes, étangs, collines boisées, etc.).
• Une lagune de plus de 15 000 hectares, réceptacle de nombreuses rivières (Arc, Touloubre, Cadière, la Durançole, etc.)
• Des paysages industriels, portuaires et aéroportuaires concentrés dans la partie sud de l’étang
• Des infrastructures de transports (routes, autoroutes, aéroport, lignes de chemin de fer et TGV) très présentes, masquant parfois l’accès à l’étang
• Des paysages naturels diversifiés (zones humides, forêt, garrigue) mais méconnus
• Une présence encore notable de l’agriculture méditerranéenne (vignes, oliviers, arboriculture)
• De fortes pressions urbaines (étalement urbain et projets d’extension de l’aéroport de Marignane et du port de Martigues)
• Un milieu altéré par les pollutions chimiques et la baisse de salinité des eaux due aux rejets de la centrale hydroélectrique EDF de Saint-Chamas
• Une politique volontariste de gestion et de restauration de l’écologie de l’étang portée par l’État et les collectivités locales
• 2 sites (le plateau d’Arbois et les sites autour de Saint-Blaise à Saint-Mitre-les-Remparts) en procédure de classement au titre de la loi de 1930
• 9 espaces naturels et patrimoniaux protégés par le Conservatoire du littoral