Paysages

LITTORAL NORD-EST - LA REUNION

La « Côte au Vent » offre la beauté et la luxuriance végétale d’un paysage tropical humide, souvent assombri par les nuages et les pluies. Le Piton des Neiges et la Roche Ecrite, les plus hauts sommets de l’île, veillent. Plus raides au Nord, les flancs des montagnes s’étalent progressivement vers le rivage de la côte Est, offrant alors de vastes plaines à l’arrière du littoral. Ces dernières fournissent un terrain de culture idéal pour la canne à sucre, qui imprègne véritablement l’histoire et le paysage de ce territoire. Même si la côte Est préserve un mode de vie réunionnais plus rural, [...] Lire plus


La « Côte au Vent » offre la beauté et la luxuriance végétale d’un paysage tropical humide, souvent assombri par les nuages et les pluies. Le Piton des Neiges et la Roche Ecrite, les plus hauts sommets de l’île, veillent. Plus raides au Nord, les flancs des montagnes s’étalent progressivement vers le rivage de la côte Est, offrant alors de vastes plaines à l’arrière du littoral. Ces dernières fournissent un terrain de culture idéal pour la canne à sucre, qui imprègne véritablement l’histoire et le paysage de ce territoire. Même si la côte Est préserve un mode de vie réunionnais plus rural, ces plaines ont également permis le développement de l’agglomération de Saint-Denis, chef-lieu et plus grande ville de La Réunion. Au-delà, le rivage se dessine sous des formes douces et des pointes arrondies. Emportés par les rivières depuis les montagnes et remuant sous le ressac dans un bruit sourd, les blocs rocheux ovoïdes et les galets forment une interminable plage, la grève. De nombreuses rivières pérennes, dont les torrents gonflent et se montrent périlleux à chaque saison des pluies, rafraichissent et modèlent en effet ce territoire. Parmi elles, la rivière du Mât, au lit le plus imposant, est l’entrée et l’exutoire naturel du cirque de Salazie, dont les portes forment un paysage époustouflant.

Regards d'artistes

Marine devant Saint-Denis, 1854
Musée Léon Dierx, Conseil général de La Réunion
Ainsi tout respirait, tout vivait, tout chantait : Un astre plein de vie à l’horizon montait ; Du ciel l’oiseau des mers traversait l’étendue ; Comme une fleur de pourpre aux bambous suspendue, Le cardinal de feu flamboyait au soleil ; Et nous, de chaque chose écoutant le réveil, Respirant du matin la fraîcheur douce et saine, Enfants, nous parcourions cette ondoyante scène, Vifs, joyeux, tout trempés de rosée et d’odeur, Jusqu’aux lieux où déjà cent Noirs, beaux de vigueur, Travaillaient et chantaient pour alléger leur tâche. Les cannes par milliers s’abattaient sous la hache ; Des champs [...] Lire plus

Ainsi tout respirait, tout vivait, tout chantait :
Un astre plein de vie à l’horizon montait ;
Du ciel l’oiseau des mers traversait l’étendue ;
Comme une fleur de pourpre aux bambous suspendue,
Le cardinal de feu flamboyait au soleil ;
Et nous, de chaque chose écoutant le réveil,
Respirant du matin la fraîcheur douce et saine,
Enfants, nous parcourions cette ondoyante scène,
Vifs, joyeux, tout trempés de rosée et d’odeur,
Jusqu’aux lieux où déjà cent Noirs, beaux de vigueur,
Travaillaient et chantaient pour alléger leur tâche.
Les cannes par milliers s’abattaient sous la hache ;
Des champs entiers tombaient, et, sur le sol roulés,
Gisaient les blonds roseaux en tas amoncelés ;
Et l’on voyait au loin fumer la sucrerie,
Et, comme un long ruban de blanche draperie,
L’odorante vapeur se perdait dans les airs,
Et le vent, en passant, l’emportait sur les mers,
Avec le chant des bois et le parfum des plaines ;
Et les marins, lassés de leurs courses lointaines,
De l’Inde ou de l’Europe arrivant sur nos bords,
Dans les brises flottant sur leurs larges sabords,
Respiraient enivrés le généreux arôme
Du travail de la terre et du travail de l’homme !

[…] »

Auguste Lacaussade, Le Champ Borne, Poèmes et Paysages, 1897 ; in J. et E. Magamootoo et T. Duval, 2014. La Réunion d’Auguste Lacaussade, poèmes et paysages, Riveneuve Editions, Paris, 109 p.

Evolution de l'urbanisation

à Saint-Denis et Sainte-Marie.
1965 1965
2015 2015

Saint-Denis, le Chef-lieu de La Réunion, est la ville dont la dynamique urbaine fut la plus importante. A gauche de la carte, son centre historique s’installa au bord de la rivière Saint-Denis, suivant un plan en quadrillage. Elle s’étendit d’abord dans la plaine littorale, puis s’étagea sur les reliefs, entre chacune des ravines profondes qui rythment le paysage dionysien. Les deltas de ces dernières furent extrêmement transformés, par réduction et canalisation de leurs lits, afin de gagner de nouvelles terres constructibles. De même, le trait de côte fut entièrement artificialisé par d’imposantes digues qui en suivent les courbes naturelles. L’agglomération de Saint-Denis s’étend aujourd’hui jusqu’à Sainte-Marie de façon quasi continue, tant sur son littoral que sur ses hauteurs. Au site du Chaudron, le Conservatoire du littoral protège le seul espace public littoral réellement boisé de la ville. A l’Est, les villes grossirent à partir de leur bourg central, essentiellement par mitage des espaces agricoles littoraux.

Carte des paysages

  • Picto Pano paysage

    • Un rivage de grève (plage de galets) très mouvant, aux courbes douces et aux pointes arrondies
    • Une vaste plaine à l’arrière du littoral, plus étroite au Nord aux alentours de Saint-Denis
    • Des reliefs éloignés du littoral, aux pentes douces et progressives à l’Est, plus raides au Nord vers Saint-Denis
    • De nombreuses rivières pérennes, torrentielles en saison des pluies, formant des corridors écologiques. La rivière du Mât, la plus longue rivière de l’ile au delta des plus évasés, crée une échappée visuelle vers l’intérieur de l’île
    • Un paysage forestier luxuriant et humide dans les hauts et en bord de rivières, recelant les derniers espaces naturels
    • Une importante surface agricole, principalement dédiée à la canne à sucre, en plaine et jusqu’à mi-pente. Les grands domaines sucriers historiques marquent encore le paysage de leurs allées de cocotiers
    • Un littoral entièrement urbanisé, fort contraint par les infrastructures de transport (routes, aéroport) et massivement fréquenté de Saint-Denis à Sainte-Marie. Saint-Denis est le Chef-lieu et la plus grande agglomération de l’île
    • De grandes coupures d’urbanisation entre les villes et sur le littoral de la côte Est

  • Picto Pano menace

    • Une pression urbaine de plus en plus forte sur les espaces agricoles littoraux des villes de Sainte-Marie, Sainte-Suzanne, Saint-André, Bras-Panon et Saint-Benoît
    • Un mitage et une homogénéisation du paysage de plus en plus marqués par la périurbanisation

  • Picto Pano protection

    • Un seul outil de protection des espaces naturels est utilisé sur ce littoral. Le Conservatoire du littoral protège le site du Chaudron (5ha), contribuant à la continuité du sentier littoral aménagé sur le front de mer de Saint-Denis. Les bassins et cascades de la rivière des Roches sont classés au titre de la loi de 1930 assurant la protection des paysages.

Découvrez les unités littorales voisines :

Séquences paysages

  • Littoral urbanisé de Saint-Denis, du cap Bernard à la rivière des Pluies
    Littoral urbanisé de Saint-Denis, du cap Bernard à la rivière des Pluies
    Les sites du Conservatoire du littoral :
  • Littoral périurbain et falaises de Sainte-Marie à Sainte-Suzanne
    Littoral périurbain et falaises de Sainte-Marie à Sainte-Suzanne
  • Plaine littorale cultivée de Saint-André, entre rivière Sainte-Suzanne et rivière du Mât
    Plaine littorale cultivée de Saint-André, entre rivière Sainte-Suzanne et rivière du Mât
  • Les grandes rivières de Bras-Panon et Saint-Benoît, littoral entre la rivière du Mât et la pointe de la Ravine Sèche
    Les grandes rivières de Bras-Panon et Saint-Benoît, littoral entre la rivière du Mât et la pointe de la Ravine Sèche