Atelier 3 : l’agriculture littorale face au changement climatique

  • Présentateurs
    Patricia LARBOURET, cheffe du bureau du changement climatique et de la biodiversité, ministère de l'Agriculture et de l'alimentation
    Jade ISIDORE, responsable de la mission "Usages - Accueil", Conservatoire du littoral

Programme

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27 janvier 2022 de 14h à 16h

  • Séquence 1
    Présentation du contexte et de la problématique à travers plusieurs travaux de référence portant sur les questions de maritimisation des zones basses agricoles (submersion et salinisation des nappes) et d’aridification du bassin méditerranéen

    Isabelle DIOMARD, coordinatrice agro environnement, climat, à la chambre d’agriculture régionale de Normandie
    Frédéric GRESSELIN, chargé de mission développement de la connaissance sur les milieux à la DREAL Normandie
    Daphné DURANT, chercheuse écologue à l’unité expérimentale de l’INRAE de St Laurent-de-la-Prée
    Nicolas METAYER, directeur adjoint du bureau d’étude SOLAGRO Patricia


  • Séquence 2
    Ateliers de travail participatifs conduits en parallèle sur 5 études de cas portant sur des sites du Conservatoire particulièrement concernés par les conséquences du changement climatique

    - Marais de Brouage - 17 : Le marais de Brouage ancien golfe de Saintonge, dispose de peu d’apport naturel en eau douce et l’unique ressource estivale provient du fleuve Charente par le biais du canal Charente – Seudre. Face aux conséquences des changements climatiques, le risque de salinisation du réseau hydraulique est préoccupant d’autant plus que la pérennité des apports en eaux douce n’est pas garanti. Quelles conséquences pour l’agriculture ? Quelles solutions envisagées face à ces perceptives ?

    - Baie de Lancieux - 22 : Le polder de Beaussais sur Mer est né de la main de l’Homme il y a plus de 150 ans lorsqu’il a choisi de gagner des terrains cultivables sur la mer. La digue érigée au XIXème siècle montre des signes de faiblesses depuis plus d’un demi-siècle. Propriétaire depuis le milieu des années 2000 de l’ouvrage et des terrains en amont, le Conservatoire du littoral travaille en lien avec la Communauté de Communes, gestionnaire et la commune pour préparer collectivement le retour de la mer. Depuis avril 2020 suite à une brèche, le site est soumis au battement des marées et la végétation de pré-salés colonise les anciennes prairies. L’usage agricole ne peut donc plus être maintenu tel qu’il était. Quels pourraient être demain les usages éventuellement agricoles, sur ces espaces reconnectés à la mer ? Quel accompagnement possible des agriculteurs dans la relocalisation de leur activité plus ou moins résiliente ?

    - Val de Saire - 50 : A l’extrême nord-est du Cotentin, un chapelet de marais arrière littoraux ponctués de cap rocheux constitue le littoral du Val de Saire. Ce territoire est soumis au changement climatique. Érosion des falaises et des cordons dunaires, remaniements importants de sables et de graviers, submersions marines, brèches dans les cordons dunaires dans les marais arrière-littoraux, tempêtes hivernales… Ces phénomènes physiques naturels se manifestent de plus en plus fréquemment et dessinent progressivement une recomposition des paysages et habitats naturels, à l’image de la salinisation des marais arrière-littoraux au détriment des habitats d’eau douce. L’agriculture joue un rôle significatif dans l’économie du val de Saire comme en attestent les activités maraîchères, les filières liées à l’élevage. Les modifications du milieu impactent ces activités. Plusieurs possibilités seront évoquées : relocalisation, changement de mode de production, adaptation de la gestion dans les marais, ainsi que les questions qu’elles soulèvent.

    - Fabrégas - 83 :
    Le Conservatoire du littoral est propriétaire d’environ 70 ha sur le site de Fabrégas, sur la commune de la Seyne-sur-Mer, dans l’aire de la Métropole Toulon-Provence-Méditerranée. Le site comprend 9 ha d’anciennes terres agricoles à réhabiliter. Le Conservatoire et la commune de la Seyne ont déjà permis l’installation d’une activité maraichère bio sur un premier ensemble de 3.4 ha. Cette exploitation qui écoule l’ensemble de sa production légumière en vente directe à la ferme ou dans les circuits de restauration collective de la ville est très appréciée par la population locale. Dans un contexte où les périodes de sécheresse sont de plus en plus récurrentes et où la ressource en eau pour l’arrosage se raréfie, quelle type d’agriculture envisager sur les 5 ha agricoles restants, protégés par le Conservatoire ? Quels modèles agricoles seraient compatibles avec les projections climatiques sur le bassin méditerranéen, la préservation des biotopes qui est au cœur de l’action du Conservatoire et le souhait localement de bénéficier d’une alimentation saine et de proximité ?

    - Lido de Thau – 34 :
    Le lido sableux qui sépare l’étang de Thau de la Méditerranée est pour environ la moitié de sa surface mis en valeur par la viticulture, et pour une autre moitié composé de milieux naturels d’une grande importance patrimoniale, en majorité acquis par le Conservatoire du littoral. La gestion de l’eau est au cœur de ces différents enjeux, et a donné lieu en 2021 à la mise en place d’un règlement d’eau associant la station d’épuration de Marseillan, qui rejette les eaux douces traitées au sud du site, les collectivités, le Conservatoire et les « Grands Domaines du Littoral », société d’exploitation viticole. Cet accord permet de concilier aujourd’hui l’usage de la ressource disponible, mais les évolutions du climat font présager plusieurs difficultés liées notamment à l’érosion du lido, à l’aridification du climat et à la salinisation croissante des nappes phréatiques. Les acteurs, naturalistes comme économiques, intègrent comme un fait inéluctable des évolutions profondes à venir, mais les questions de temporalité, de trajectoire de projets, de traitement juridique, social et économique sont nombreuses. Comment anticiper le moment, non encore connu, où la ressource en eau, aujourd’hui suffisante pour alimenter à la fois les milieux naturels et les usages, viendra à manquer ? Comment le modèle d’exploitation viticole peut-il s’adapter, tout en préparant sa relocalisation ? D’autres modèles, plus tolérants à la salinisation, sont-ils envisageables ? Comment les collectivités peuvent-elles partager ces problématiques avec l’ensemble des parties prenantes afin d’éviter au mieux les traumatismes


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3 février 2022 de 14h à 16h

  • Séquence 1
    Rapportage des principales productions des 5 ateliers de travail participatifs

  • Séquence 2
    Table ronde conclusive pour débattre des résultats des ateliers et consolider les messages à retenir

    Christophe Cottereau, agriculteur et référent Climat à la fédération nationale d’agriculture biologique
    Emmanuel Hyest, président de la FNSAFER
    François Léger, agroécologue, enseignant chercheur à l’AgroParisTech
    Christophe Soulard, directeur de recherches en géographie et chef du département ACT "Sciences pour l'action, les transitions, les territoires" à l’INRAE


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Problématique résumée

  • L’agriculture littorale devra relever plusieurs défis dans les décennies à venir. Elle sera confrontée, comme sur l’ensemble du territoire, aux restrictions que l’évolution du climat fera peser sur la pluviométrie et les régimes hydriques des bassins versants, particulièrement dans les régions méridionales. Plus encore, dans les zones basses du littoral, elle sera confrontée aux aléas de submersion marine et à l’avancée du biseau salé dans les eaux souterraines, risquant d’être soumises à un « effet ciseau » entre la montée des eaux et les zones habitées protégées.

    Plus de la moitié des 750 sites protégés par le Conservatoire du littorale présente une activité agricole, qui avec des pratiques encadrées constitue un moyen de gestion efficace pour valoriser le potentiel écologique et paysager des espaces naturels. Mais la pérennité de ces activités agricoles est aujourd’hui menacée par les phénomènes décrits plus haut :

    - La maritimisation des zones basses et ses conséquences sur les systèmes prédominants en place de polyculture/élevage ;
    - L’aridification du bassin méditerranéen et ses conséquences notamment sur les cultures traditionnelles de la vigne et du maraichage.

    En tant que propriétaire de zones agricoles, à quels types de solutions le Conservatoire peut-il contribuer en faveur de ces activités, sur le plan foncier en premier lieu, mais aussi en promouvant quels modèles de production, avec quels partenariats ? Après un temps de présentation des impacts du changement climatique sur l’agriculture littorale, les participants travailleront sur des cas concrets des façades atlantiques et méditerranéennes pour explorer les différentes solutions possibles pour intégrer le changement et réfléchir au rôle du Conservatoire dans leur mise en œuvre.