Paysages

ILE D'YEU

Grand navire de granit et de sable blond, l’île d’Yeu, la plus éloignée en mer des îles du Ponant, est ancrée à 25 km au large de la côte vendéenne, allongée sur une dizaine de kilomètres et 4 de large, orientée au noroît. Autrefois appelée « Insula Oya », cette île à la forme d’un « violon sans manche » oppose deux rivages : l’un présente face au grand large un visage sauvage de falaises granitiques déchiquetées et de landes à bruyères, ajoncs et asphodèles ; l’autre, plus bas, face au continent, déploie criques et plages de sable blond bordées de dunes et de boisements de pins et de chênes [...] Lire plus

Grand navire de granit et de sable blond, l’île d’Yeu, la plus éloignée en mer des îles du Ponant, est ancrée à 25 km au large de la côte vendéenne, allongée sur une dizaine de kilomètres et 4 de large, orientée au noroît. Autrefois appelée « Insula Oya », cette île à la forme d’un « violon sans manche » oppose deux rivages : l’un présente face au grand large un visage sauvage de falaises granitiques déchiquetées et de landes à bruyères, ajoncs et asphodèles ; l’autre, plus bas, face au continent, déploie criques et plages de sable blond bordées de dunes et de boisements de pins et de chênes verts. Deux noyaux urbains concentrent l’habitat traditionnel : Port-Joinville, principale place portuaire animée par une flottille dynamique de petite pêche côtière et de pêche au large, et Saint-Sauveur, ancienne capitale organisée autour d’un prieuré édifié par des moines au XIe siècle, aujourd’hui dominée par une église dont le clocher a longtemps servi d’amer aux navires venus d’Amérique. L’intérieur de l’île reste marqué par les traces de son passé agricole et désormais impacté par le fort développement du tourisme résidentiel. Peu à peu, le paysage a connu une lente évolution qui a pris la forme d’une importante urbanisation diffuse au sein des terres, bien que l’île ait su préserver dans son ensemble sa typicité vendéenne et ses singularités patrimoniales.

Regards d'artistes

Maurice Boitel, Le phare de Port-Joinville, 1960
Collection privée
« Derrière nous la côte se déploie. Les pins de la dune doublent l’ourlet de la plage. Les clochers de La Barre et de Notre-Dame pointent au-dessus des arbres, sommets précieux servant d’amers… À l’avant, l’île est toute grande. Port-Joinville avec ses deux jetées nous tend les bras. Le pilote tient à l’œil les trois phares bien en ligne. Le bateau se faufile à travers les barques de pêche… Nous sommes à l’Ile d’Yeu. Ce rocher granitique, a écrit de l’Ile d’Yeu le docteur Marcel Baudoin, isolé à quatre lieues au large du rivage, n’est qu’une très grosse pierre qu’il faudrait détacher du fond [...] Lire plus

« Derrière nous la côte se déploie. Les pins de la dune doublent l’ourlet de la plage. Les clochers de La Barre et de Notre-Dame pointent au-dessus des arbres, sommets précieux servant d’amers… À l’avant, l’île est toute grande. Port-Joinville avec ses deux jetées nous tend les bras. Le pilote tient à l’œil les trois phares bien en ligne. Le bateau se faufile à travers les barques de pêche… Nous sommes à l’Ile d’Yeu. Ce rocher granitique, a écrit de l’Ile d’Yeu le docteur Marcel Baudoin, isolé à quatre lieues au large du rivage, n’est qu’une très grosse pierre qu’il faudrait détacher du fond de la mer et emporter dans l’un de nos musées. En effet, ses pointements rocheux sont couverts d’une écriture aussi mystérieuse que celle de l’Ile de Pâques, et jusqu’à ces dernières années restée indéchiffrable ».

Jean YOLE (1878-1956), Le Marais de Monts en Vendée : son rivage et ses îles, Éd. Lussaud, 1968

Evolution de l'urbanisation

de l'île d'Yeu.
1965 1965
2014 2014

En raison d’un accès rendu difficile par l’éloignement du continent et une desserte maritime limitée, l’île d’Yeu est longtemps restée à l’écart de l’intense développement touristique de la côte vendéenne. On observe cependant un phénomène particulièrement visible sur les cartes : la très forte extension de l’urbanisation, dont l’accélération date des années 2000 et de la mise en place concomitante d’une desserte maritime modernisée. Longtemps concentrée sur le cœur de l’île (Port-Joinville et Saint-Sauveur), l’urbanisation se développe aujourd’hui largement autour des hameaux existants. Toute la côte dite « sauvage » échappe pourtant à ce phénomène grâce aux différents dispositifs réglementaires mis en place par l’État, protections confortant par ailleurs la volonté politique des élus locaux (commune et action foncière volontariste du Département de la Vendée) visant à préserver les espaces naturels insulaires.

Carte des paysages

  • Picto Pano paysage

    • Une île de 23 km² dotée de 40 km de linéaire côtier, éloignée à 10 milles du continent (côte vendéenne)
    • Une population permanente de 4 700 habitants
    • Des rivages qui ont préservé leur caractère « sauvage »
    • Des habitats naturels remarquables pour les espèces marines (39 espèces d’algues, herbiers à zostères) ; une flore très riche avec près de 750 plantes vasculaires ; l’un des derniers lieux de nidification du traquet motteux et de la fauvette pitchou ; présence régulière de grands dauphins et de marsouins

  • Picto Pano menace

    • Une forte pression touristique ayant entraîné un développement de l’urbanisation sur 36,5 % du territoire
    • Une activité de pêche qui reste essentielle, mais avec un effectif de marins pêcheurs divisé par deux depuis dix ans
    • Une disparition presque totale de l’agriculture sur l’île (3,89% du territoire insulaire) et une évolution notable du paysage de bocage vers une végétation de fourrés

  • Picto Pano protection

    • Une zone de préemption délimitée par le Département de la Vendée sur l’ensemble de la « côte sauvage », témoin d’une politique foncière active avec 200 hectares acquis
    • La totalité de l’île est inscrite ou classée au titre des Sites et paysages (loi de 1930)
    • De nombreuses mesures de protection en faveur du patrimoine floristique et faunistique : réseau Natura 2000 ; ZNIEFF ; définition d’espaces remarquables dans le cadre de la loi Littoral.

Découvrez les unités littorales voisines :

Séquences paysages

  • Face à la haute mer, la « côte sauvage »
    Face à la haute mer, la « côte sauvage »
  • Face au continent, une côte basse émaillée de criques sableuses
    Face au continent, une côte basse émaillée de criques sableuses
  • À l’intérieur de l’île, une campagne souvent en friche ou colonisée par l’urbanisation
    À l’intérieur de l’île, une campagne souvent en friche ou colonisée par l’urbanisation