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Dans le long parcours méandreux qui dessine la vallée de la Seine, l’eau reste le dénominateur commun de paysages de grands contrastes. Entre espaces forestiers, prairies fertiles, sites historiques, ensembles de cheminées fumantes et agglomérations bruissantes d’activité industrielle, ces entités paysagères cohabitent dans des assemblages parfois contradictoires. Quand le paysage se fait davantage estuarien que fluvial, le glissement des ambiances vers une dominante maritime est sensible. Aux ocres des roselières et aux gris bleutés du fleuve succèdent la silhouette du Havre et l’omniprésence de la ligne d’horizon, au large. Ce glissement est d’autant plus remarquable lorsqu’il est mesuré à l’échelle du site : l’estuaire de la Seine est un des trois plus grands estuaires de la façade atlantique. Le Havre, premier port français de docks et conteneurs, côtoie de près des paysages d’eau et d’herbes folles pour certains inscrits ou classés, des réserves naturelles et des espaces naturels intégrés au Parc naturel régional des Boucles de la Seine. C’est dans ce monde hybride aux effets de lumière capricieux que les impressionnistes ont trouvé leur inspiration et ancré dans nos représentations collectives une certaine idée du « paysage moderne ». Aujourd’hui, les enjeux paysagers restent prégnants, nécessitant une vigilance permanence face au dialogue à l’œuvre entre milieux naturels et infrastructures industrialo-portuaires, naturalité et artificialité.
« C’était une ville marine où le large domestiquait l’intérieur, où l’habitant voguait sur les flots, jusque dans les arrière-cours et les quartiers dépotoirs. Mais le quai Colbert n’était pas la ville. C’était un autre monde, noir et misérable, peuplé de terrils, de collines charbonneuses, enserré dans des colliers de palissades vermoulues ».
1965
2014
Au milieu des années 1960, le territoire de l’estuaire de la Seine n’était fortement urbanisé que dans la zone du Havre, marqué par l’imposante présence des infrastructures portuaires. Plus tard, équipements industriels et habitats ont connu un épisode de densification sur les deux rives de l’estuaire. Les zones acquises par le Conservatoire du littoral ont toutefois pu atteindre suffisamment d’ampleur pour gagner de vastes espaces estuariens, notamment avec l’une des plus grandes zones humides sur la rive sud, composée des deux sites du marais Vernier et la Risle maritime.
- Un paysage de zones transitoires entre terre, fleuve et mer
- Un patrimoine naturel remarquable, avec des zones à dominantes humides mais aussi une grande diversité des habitats naturels liés aux remontées d’eau salée : plaines alluviales, marais tourbeux, terrasses alluviales, milieux boisés, milieux saumâtres, etc.
- Un territoire connu pour sa qualité de refuge pour l’avifaune, halte migratoire d’importance européenne
- Une richesse écologique impactée par les infrastructures urbaines, portuaires et industrielles
- Une pression agricole en cours d’intensification dans les terres
- Des contrastes paysagers forts entre le patrimoine naturel et les édifices artificiels
- Un ensemble paysager reconnu et protégé par de nombreux dispositifs : sites inscrits et classés, réserves naturelles, Parc naturel régional, Conservatoire du littoral.
Emmanuelle REAL, Le paysage industriel de la Basse-Seine : Haute-Normandie, Images du Patrimoine, 2008
