Sur une centaine de kilomètres à vol d’oiseau, le littoral du Trégor-Goëlo concentre parmi les plus beaux paysages de côtes sauvages de Bretagne. Représentés par les peintres (Boudin, Signac, Denis, Rivière, Van-Haffen), décrits par les écrivains (Loti, Le Braz, Guillou, Michelet, Renan), ces paysages font partie du patrimoine national. Comme les artistes, l’État a reconnu très tôt leur valeur puisque leur protection a débuté dans les années 1900. Côte de granite rose dont les blocs de rochers aux formes étonnantes font partie des terrains les plus vieux d’Europe, extraordinaires cordons de galets du Sillon de Talbert, falaises, îles et archipels exceptionnels de la côte du Goëlo, merveilleuses lumières des estuaires du Trieux et du Jaudry… Les nuances et les variations de formes, de couleurs, de vues et d’ambiances sont ici infinies.
Pourtant, lorsqu’on s’éloigne de ces sites grandioses, on observe la banalisation d’une grande partie du littoral et de son arrière-pays, due à un étalement urbain qui, sur certains secteurs, a pris des proportions très importantes. Également fragilisée par une agriculture intensive qui altère la qualité des eaux et des milieux, la côte du Trégor-Goëlo doit bénéficier d’une attention toujours renouvelée pour conserver l’intégrité de ses espaces naturels comme de ses paysages, des plus pittoresques aux moins reconnus.
« Vous les connaissez, ces villages de l’Armor trégorrois : ils se ressemblent tous. Une seule rue, avec, d’un côté, une rangée de maisons basses orientées vers le large, et, de l’autre côté, la grève, jonchée d’énormes troupeaux de roches ou pavée d’une mosaïque de galets : tel est le type à peu près unique de tous les petits ports de cette région… Mais, par exemple, ce que vous chercheriez vainement ailleurs, c’est le prodigieux chapelet d’îles qui s’est comme égrené le long de cette côte. Où que vous portiez le regard, dans la direction du nord, de l’est ou du ponant, ce ne sont que dures silhouettes granitiques éparses sur le miroir des eaux. […] D’aucunes, comme la grande croupe chauve de Tomé, semblent des promontoires détachés, d’hier à peine, du continent dont ils ne sont proprement séparés qu’à mer haute. D’autres comme Bruk, Groaguez, Saint-Gildas, Enez-Kreiz, s’échelonnent parallèlement au littoral, ainsi qu’un brise-lames gigantesque où les pires colères de la Manche se heurtent et viennent s’user. Un troisième groupe, enfin – celui des Sept-Iles -, s’aventure hardiment au large et semble un chœur de cétacés préhistoriques se jouant à fleur l’horizon.»
En 50 ans, les surfaces artificialisées ont gagné partout autour des bourgs, le long des routes, sur le littoral. Même nombreux, les espaces naturels littoraux ne sont plus que résiduels (en violet et mauve, les terrains préservés par le Conservatoire du littoral).
• Entre deux zones urbaines importantes (Saint-Brieuc à l’est, Lannion à l’ouest), des falaises avec des parties plus basses et des îles rocheuses aux formes, couleurs et ambiances variées et pittoresques
• Deux vallées profondes (le Jaudy et le Trieux), grandes entailles dans le socle granitique
• Des stations balnéaires anciennes, des ports de pêche chargés d’histoire (Paimpol, la pêche hauturière), des équipements de plaisance modernes (Portrieux)
• Un arrière-pays agricole légumier et intensif
• Des menaces liées à une forte urbanisation et à un étalement urbain important, notamment le long du rivage
• Une mauvaise qualité des eaux, des pollutions aux algues vertes liées à des pratiques agricoles et d’élevage très intensives
• Des réserves naturelles, notamment ornithologiques, d’exception (les Sept-Iles)
• De nombreux sites protégés au titre de la loi de 1930 ; 24 sites préservés par le Conservatoire du littoral