Entre Alpes du nord et Jura, le Léman, issu de la tectonique alpine et du creusement de l’ancien glacier du Rhône, est le plus grand lac naturel d’Europe occidentale. Monument de la géographie, il se distingue par sa taille et sa forme en croissant, identifiable entre toutes sur les cartes. Partagé entre la France et la Suisse, c’est depuis les rives et les sommets helvétiques que s’impose la première image du rivage français : une conurbation quasi-continue depuis Lugrin jusqu’à la frontière à l’ouest, surplombée successivement par les sommets du Chablais, puis par ceux enneigés du massif du Mont-Blanc. Mais les paysages ne se réduisent pas à cette vision panoramique. De plus près, la composition se fait plus complexe quand elle mélange architectures cossues des villes d’eau et habitat banal de leurs banlieues, grands domaines entourés de parcs arborés et marinas, ports de pêche aux rues resserrées et lotissements qui grignotent espaces naturels et agricoles… Ce sont ces derniers qui, près de la rive ou à l’arrière de la bande construite, ouvrent des vues sur le lac et créent les plus belles transitions entre les ambiances du Léman et les reliefs des Alpes. La conservation des derniers espaces non construits des rives du Léman est l’une des priorités du Conservatoire du littoral, comme celle de les rendre accessibles à tous.
« Je me suis arrangé une maison à Lausanne qu’on appellerait palais en Italie ; quinze croisées de face en cintre donnent sur le lac à droite, à gauche, et par devant. Cent jardins sont au-dessous de mon jardin. Le grand miroir du lac les bsaigne. Je vois toute la Savoie au-delà de cette petite mer, et, par-delà la Savoie, les Alpes qui s’élèvent en amphithéâtre et sur lesquelles les rayons du soleil forment mille accidents de lumière.»
Autour du delta de la Dranse, protégé aujourd’hui par une réserve naturelle et des acquisitions du Conservatoire du littoral, l’urbanisation a conquis une grande partie des berges au détriment de zones humides et de terres agricoles. La marina de Port-Ripaille, au dessin caractéristique à l’ouest de l’embouchure, a pris place dans un grand espace boisé appartenant autrefois au domaine du château de Ripaille (protégé par un site classé au titre de la loi de 1930). Au-delà, l’urbanisation a gagné partout les rives, mitant sauf exception le territoire et étalant les bourgs des premières pentes du Chablais.
• Le plus grand lac naturel des Alpes occidentales (plus de 70 km de long,14 à son maximum de largeur), frontière entre la Suisse et la France
• Une rive française exposée au nord, très urbanisée et endiguée, peu accessible, calée et contrainte par les premières pentes du massif du Chablais
• Des paysages marqués par une architecture de villégiature et l’étalement urbain
• Une pression urbaine très importante due à une dynamique démographique très importante
• Des espaces naturels et des terres agricoles convoitées notamment dans la partie ouest
• Une pression touristique importante
• 15 espaces naturels protégés par le Conservatoire du littoral, un site classé, une réserve naturelle, une commission transfrontalière franco-suisse pour la surveillance de la qualité des eaux du lac.